Mesmérisme

Mesmérisme par Franz-Anton Mesmer. Editions Energeia, 1 rue des Usines, 26190 Saint-Nazaire-en-Royans.

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L’œuvre majeure de Franz-Anton Mesmer (1734-1815), Mesmerismus, Mesmérisme ou Système des Influences, Théorie et Application du Magnétisme animal comme Médecine universelle pour la préservation de l’Homme, dit bien par son titre quel fut le programme de l’auteur, médecin, inventeur du magnétisme animal, largement oublié alors qu’il exerça une influence certaine sur des milieux fort divers. Ses recherches intéressèrent, à des degrés et pour des intérêts variables, des personnalités aussi diverses que La Fayette, Brissot, chef des girondins à la Convention, François-Marie de Chefdebien, Louis-Claude de Saint-Martin ou Jean-Baptiste Willermoz. L’ouvrage publié en 1814 et rédigé à la fin de sa vie constitue une synthèse de l’ensemble de ses travaux et de sa pensée. C’est la première édition française de ce texte majeur qui mérite un nouveau regard au vu des découvertes et recherches scientifiques actuelles, tant dans le domaine médical que dans le domaine de la physique quantique. Mesmer a tiré de ses observations certaines intuitions ou certitudes qui font particulièrement sens de nos jours.

« Les fermentations, les végétations, les fonctions régulières et homogènes des animaux, leurs migrations périodiques, les époques de leur reproduction, le phénomène des marées océaniques, que je considérais comme commun à toutes les parties du globe terrestre, ainsi que la coïncidence chez l’Homme et l’harmonie de toutes ces manifestations avec les révolutions du temps, enfin le cours invariable et le type de la plupart des maladies : tout cela atteste et confirme l’existence d’un agent universel et d’une influence réciproque, laquelle s’exerce à travers un médium ou un fluide, ou tous les êtres sont mêlés et en contact, formant de la sorte une seule et même masse avec l’ensemble du monde. »

Notre pensée analytique exacerbée et notre hyperspécialisation nous ont conduit à un tel cloisonnement, non seulement entre les disciplines mais à l’intérieur des disciplines scientifiques, que nous avons perdu de vue l’être dans sa globalité et l’être dans son environnement. Nous en mesurons chaque jour les conséquences catastrophiques. L’approche philosophique et scientifique d’un Mesmer peut ainsi nous sembler étrange pourtant elle témoigne d’un esprit à la fois rigoureux et original, traditionnel et avant-gardiste, qui manque cruellement aujourd’hui à notre monde.

La première partie de l’ouvrage, intitulée Physique, présente quelques principes généraux sur la matière, le mouvement, le développement de la Nature avant d’identifier des propriétés des « corps organisés » : cohésion, élasticité, gravité, magnétisme… afin de développer un modèle de l’Homme, ses composants, ses outils de mouvement et de sensation, comme ce qui détermine sa conservation. Cette partie comporte des passages très pratiques sur le magnétisme et ses applications thérapeutiques concrètes.

La seconde partie est intitulée Morale. Mesmer y traite de la dimension sociale et politique nécessaire au bien être individuel et collectif.

« L’harmonie est la suffisance de tous les moyens de préservation, et les sensations qui s’y rapportent constituent ce que l’on doit appeler le bonheur. Il est donc important que les hommes unis en société s’entendent sur ce but final et sur ces moyens, qu’ils aient des notions précises et communes, grâce auxquelles ils parviennent à un accord sur les conditions nécessaires pour y parvenir : ce que l’on peut appeler les Droits de l’Homme. »

Pour Mesmer, la santé des individus ne peut s’épanouir que dans un accompagnement profondément humaniste. Il va jusqu’à penser ce que devrait être un gouvernement général soucieux de l’Harmonie universelle, quelle éducation il devrait mettre en place, quel culte à l’être suprême, culte solaire, il pourrait mettre en œuvre. Aucun domaine de la vie n’est oublié. Le mesmérisme est un projet de vie reliant l’infiniment petit à l’infiniment grand.

Davantage que l’inventeur d’une méthode de soin, Mesmer est un visionnaire qui questionne notre place au sein de la Nature, notre place et notre responsabilité.