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Dieu et la conscience maçonnique par Olivier Chebrou de Lespinats. Editions Cépaduès, 111 rue Nicolas Vauquelin, 31100 Toulouse.
Cet essai, philosophique, initiatique et métaphysique, est non seulement intéressant mais important car il incite à penser quand la plupart ne font que répéter. N’hésitant pas à parler de « théologie maçonnique », une théologie en permanente construction, Olivier Chebrou de Lespinats replace Dieu au cœur de la démarche maçonnique, non comme une puissance extérieure mais au contraire comme participant de notre intimité spirituelle et la justifiant.
« Si le mot théologie, précise-t-il d’emblée, peut sembler étranger, voire suspect, à l’oreille maçonnique, c’est qu’il évoque trop souvent une prétention à parler de Dieu au nom de Dieu. Or ici, il s’agira de parler avec l’homme, depuis l’homme, vers Dieu – ou, du moins, vers ce que nous désignons sous ce nom, toujours imparfaitement. Car interroger le divin, interroger le Grand Architecte de l’Univers, ce n’est pas trahir l’esprit des Lumières : c’est, au contraire, prolonger leur exigence de lucidité dans la profondeur du mystère. »
L’essai est construit selon trois axes : « l’évolution du paysage spirituel et scientifique », « une théologie sans dogme », « l’horizon d’un sens partagé ». Il s’agit de « penser Dieu » à partir de l’expérience pour retourner à l’expérience, pour « organiser le chaos ». Pour cela, Olivier Chebrou de Lespinats associe les deux grands chemins pour penser le divin : « la voie subjective ou intérieure » et « la voie objective, tournée vers l’univers ». L’intériorité et l’objectivité, qui semblent entrer en tension, peuvent se compléter et se nourrir l’une l’autre dans un dialogue fécond qui dépasse les oppositions entre tradition et modernité ou initiation et éducation.
Spinoza, indispensable, Proudhon, inattendu mais pertinent, Saint Augustin, entre autres, viennent stimuler nos questionnements et nos approfondissements. Il ne s’agit pas de conclure mais bien d’explorer. La science, le mythe, le langage sont interrogés, en leurs fonctions et en leurs dynamiques propres qui ne cessent de s’intriquer.
Olivier Chebrou de Lespinats veut nous conduire, et sans doute y réussit-il, vers « une théologie active, symbolique et maçonnique » qui est aussi « une théologie de la responsabilité » car « Si Dieu est en devenir, alors notre action importe. Le divin n’est plus simplement à contempler, mais à servir ». La manifestation de Dieu, son accomplissement dans les temps, relèvent de notre responsabilité. L’amour de Dieu constitue une dynamique créatrice qui tend vers l’unité.
C’est une théologie incarnée, non dogmatique, que nous découvrons dans ces pages, très maçonnique car elle nous fait prendre conscience que ce que nous considérions comme absolu est en réalité un chantier, « l’horizon du sens, l’énergie d’organisation, le principe d’unité que l’initié s’efforce d’incarner à travers ses actes ».