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L’intelligence artificielle va-t-elle transformer la Franc-maçonnerie ? de Franck Fouqueray. Editions Dervy, 19 rue Saint-Séverin, 75005 Paris, France.
La révolution technologique apportée par l’Intelligence Artificielle n’est sans doute pas saisissable à l’heure actuelle tant les évolutions sont rapides mais il faut se poser la question de ses conséquences dès aujourd’hui. C’est vrai culturellement, socialement, politiquement, c’est vrai également pour le monde des traditions et pour la Franc-maçonnerie en particulier, souvent à l’interface entre monde profane et monde initiatique.
Dès l’introduction, Franck Fouqueray situe les enjeux :
« Pour survivre et prospérer, l’Art Royal doit dès maintenant se recentrer sur ce que la technologie ne peut remplacer : le ressenti, l’introspection et une quête plus profonde de soi-même… mais surtout l’art subtil du questionnement. »
Cependant, son essai ne tombe pas dans le pessimisme :
« Loin d’être une menace, l’IA pourrait bien être une occasion, pour la Franc-maçonnerie, de se réinventer, de s’adapter aux enjeux du XXIe siècle tout en restant fidèle à ses principes fondamentaux. »
Après avoir fait le point sur les différents domaines de recherches associés à l’IA aujourd’hui, Franck Fouqueray cherche à identifier les impacts sociétaux et éthiques, les perspectives d’application notamment dans le domaine de la santé et de l’éducation, les risques et les avantages portés par son développement impressionnant. Parmi les avantages pour le monde maçonnique, apparaissent l’amélioration des instructions, la personnalisation des parcours initiatiques, l’enrichissement des travaux, la gestion administrative simplifiée, l’ouverture internationale grâce aux traducteurs automatiques. En face, les risques sont une possible perte de l’aspect humain, la standardisation de la pensée, la violation du secret maçonnique, la dévaluation de l’effort personnel, la perte de la dimension symbolique. Se pose alors la question de la compatibilité entre IA et Franc-maçonnerie ?
Franck Fouqueray a posé la question aux intéressés, soit à l’IA, à travers ChatPpT, et aux Francs-maçons eux-mêmes. Les réponses de l’IA sont plutôt mesurées, « rassurantes » nous dit l’auteur, celles des Francs-maçons assez mitigées.
L’auteur cherche à établir comment l’IA pourrait enrichir le travail de Loge avant d’imaginer « la Loge du futur ». Il ouvre quelques pistes avec des conséquences positives, d’autres négatives et de nombreuses inconnues. Face à des mutations sans doute inévitables, la question finalement posée est : La Franc-maçonnerie résistera-t-elle ?
Nous avons coutume de dire que les outils sont neutres et que ce sont les choix d’utilisation qui sont faits par les êtres humains qui s’avèrent déterminants. Manifestement, l’évolution de l’IA posera un nouveau problème en raison de son autonomie de plus en plus grande. Si l’ouvrage se termine sur un message d’espoir, il apparaît urgent de penser le sens et la nature de cette irruption technologique dans le monde de l’initiation.