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Les Femmes alchimistes de Grégoire Brissé. Editions Dervy, 19 rue Saint-Séverin, 75005 Paris, France.
Le petit monde de l’alchimie n’a pas échappé à l’ostracisme patriarcal envers les femmes. Grégoire Brissé vient briser ce silence à travers douze portraits de femmes alchimistes : Anne de Bretagne, Jeanne de Vivonne, Anne-Marie von Ziegler, Martine de Bertereau, Catherine de Médicis, Marie de Médicis, Catherine Sforza, Camilla Erculiani, Anne-Marie-Louise de Médicis, Katherine Jones, Mary Anne Atwood, Christine de Suède. La plupart d’entre elles vécurent aux XVIe et XVIIe siècles. Elles furent généralement proches du pouvoir ou l’exercèrent. Ce sont toutes des personnalités fortes et complexes.
« La femme qui s’adonne à l’Alchimie, indique Grégoire Brissé, va utiliser celle-ci afin d’assurer et d’étendre l’exercice d’une certaine domination. Et cela très certainement car elle est née dans une famille qui connaît la pratique du pouvoir. Soit alors elle réussit, et dans ce cas c’est le plus souvent qu’elle a su aller dans le sens des puissances régnantes – nous verrons ainsi le cas de plusieurs reines de France –, soit elle est mue surtout par un sentiment de révolte – en règle générale : contre un patriarcat en place – et elle adopte, à partir de là, une attitude authentiquement révolutionnaire ; ce sera ici l’étude du cas d’une Katherine Jones (sœur de Robert Boyle), par exemple. »
Grégoire Brissé envisage tout d’abord l’Alchimie selon deux regards, celui de l’élaboration de l’Elixir, souvent associé à la recherche d’une Médecine universelle, et celui de la conquête du pouvoir, un « or » bien tangible.
Avant de présenter ces douze figures, Nous découvrons l’importance de Marie la Juive qui ne nous est connue que par les témoignages de Zozime qui put étudier les écrits, disparus depuis, de Marie.
« L’Alchimie écrite, nous dit encore Grégoire Brissé, est donc apparue, supposément, avec une femme : Marie. En réalité, qu’elle ait existé ou non ne change en rien la dimension que nous lui avons prêtée, dans la mesure où comme il a été vu, elle a régulièrement été citée par des auteurs qui savaient au plus haut point ce que signifie l’Alchimie de cour, et donc la reconnaissaient comme une des leurs ; un bon exemple est celui de Michael Maîer. »
Grégoire Brissé nous entraîne sur les traces de la « Demoiselle magique », d’abord Sybille chez Virgile. La « Demoiselle magique » apparaît bel et bien comme une femme alchimiste. Suivre les figures féminines dans les textes anciens et particulièrement dans la littérature du Graal permet de retrouver à travers symboles, allégories et métaphores, de nombreuses clefs de la réalisation du Grand Œuvre.
Ainsi, un prototype de la femme alchimiste nous apparaît peu à peu sous la belle plume de l’auteur avant de découvrir en ses douze portraits certaines de ses incarnations.
Grégoire Brissé, fin connaisseur des grands textes de l’Alchimie, nous emporte dans une découverte aussi passionnante que profonde.