Sourire au-delà du souffrir

Sourire au-delà du souffrir par Jacques Vigne. Editions du Relié, Groupe Guy Trédaniel, 19 rue Saint-Séverin, 75005 Paris, France.

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Jacques Vigne, médecin psychiatre, consacre ce livre aux méthodes alternatives de traitement et de prise en compte de la douleur et de la souffrance. De plus en plus d’universités et de CHU, en Europe et ailleurs, développent des recherches et des applications qui ont fait leurs preuves, faisant appel à l’hypnose, la méditation et maintenant la transe.

Jacques Vigne a longuement exploré et pratiqué certaines traditions orientales. Il connaît bien les pratiques et méthodes qu’elles proposent et leur apport à la réduction de la douleur, un problème central dans les politiques de santé ou qui devrait l’être.

La méditation antidouleur fait partie de l’arsenal des techniques non médicamenteuses qui ont fait partie d’études systématiques démontrant qu’elle contribue à améliorer la situation des patients.

Jacques Vigne débute son ouvrage par une première nécessité. Il nous faut comprendre la douleur et le rapport très personnel que nous entretenons avec elle, même si la douleur relève aussi d’une problématique sociale, économique et politique. Jacques Vigne dénonce les travers et les effets de l’emprise des laboratoires pharmaceutiques sur l’accompagnement de la douleur. Il ne s’agit pas de rejeter l’intérêt des médicaments antidouleurs mais de prendre conscience d’une machinerie financière perverse éloignée de l’intérêt général. Or, les méditations antidouleurs contribuent à réduire la surconsommation d’antalgiques.

« Même si la méditation ne guérit pas vraiment un certain nombre de maladies, explique Jacques Vigne, elle améliore, par contre, considérablement leur vécu, et cela fait une différence énorme. Elle a certainement aussi un pouvoir de prévention important, qui reste à prouver de façon indubitable par des études scientifiques rigoureuses. Dans le domaine de la psychothérapie et de la psychiatrie, elle a démontré son efficacité contre la dépression et l’anxiété, et l’étude de son action sur d’autres pathologies est en cours, en particulier combinée avec des thérapies cognitives ou comportementales. »

La deuxième partie du livre étudie la « puissance de l’imagerie mentale ». Les visualisations font désormais partie des protocoles de nombreuses thérapies modernes. L’imagerie mentale a une influence sur notre bien-être, sur la détente du corps, sur l’immunité. La neurophysiologie des images mentales et le rôle des neurotransmetteurs sont mieux connus aujourd’hui ce qui permet de renforcer les applications de la méditation. Un chapitre est consacré aux mécanismes mis en œuvre en hypnose et aux applications de celle-ci. L’hypnose est d’un usage courant en milieu hospitalier dans certains pays comme la Belgique ou les USA.

La troisième partie aborde concrètement différents types de méditations comme les méditations d’expansion contre l’anxiété, les méditations anti-douleurs et envisage la fonction du langage à la fois dans la compréhension de la douleur et dans la réduction de celle-ci. L’association de la parole consciente et choisie avec le rythme du souffle est un puissant vecteur de réconciliation, de silence et d’expérience non-duelle.

Dans la dernière partie, Jacques Vigne s’intéresse aux enseignements des grands courants religieux sur la douleur : christianisme, hindouisme et bouddhisme principalement.

L’ouvrage, très complet, alterne théories et pratiques. Il intéressera aussi bien les particuliers que les professionnels de santé. Une prise en compte globale de la douleur, non seulement associée à des maladies graves mais en général, serait un puissant vecteur de changement favorable aussi bien sur le plan individuel que collectif.