In Memoriam Philippe Aveni

Orient Éternel

Philippe Aveni

Paint it Black !

Philippe Aveni nous a quittés, très prématurément, pour rejoindre l’Orient Eternel au cours de la nuit du 20 au 21 mars, profitant de l’intervalle équinoxial pour s’éclipser sans crier gare, laissant sa compagne, Claire, sa famille, ses amis et frères en plan, désemparés. Ce n’est pas la mort le problème, c’est l’absence ici-bas.

Il était, et il restera, un pilier des Editions La Tarente. Sans lui, sans son travail assidu, nous n’aurions pas vu nos livres publiés. Acteur de l’ombre, il préférait rester discret et renâclait à se mettre en évidence. Son association éditoriale et culturelle avec Pierre Rodeville et Philippe Subrini fut une bénédiction pour le monde initiatique et maçonnique francophone.

Martiniste, Franc-maçon, entre autres, il détenait une excellente connaissance des milieux initiatiques, tout en se gardant de leurs institutions qu’il jugeait avec raison délétères, et des disciplines traditionnelles dont certaines lui était familières.

Pierre Rodeville, Philippe Aveni, Philippe Subrini

25^ème anniversaire des Editions de La Tarente en 2023

Musicien cultivé, pianiste mais pas seulement, son éclectisme allait du classique au rock. Lettré, cinéphile, amateur d’art, il surprenait par ses connaissances, jamais affichées mais qu’il laissait parfois paraître au détour d’une conversation anodine.

Personnalité très attachante, il cachait, derrière un humour fin et parfois dévastateur de Corse de Marseille, une grande sensibilité, une véritable chaleur humaine et un sens aigu de l’amitié. Râler était devenu chez lui un art aux multiples nuances dont il jouait avec une vraie ou fausse mauvaise humeur selon les interlocuteurs.

Derrière la façade, qui lui permettait de brouiller les pistes, nous avons découvert une grande culture, classique et de marge, une vive intelligence, une grande lucidité aussi qui s’accompagnait sans doute de son lot de souffrances. Il était, au sens le plus philosophique, un cynique, soit un individu dont la grande lucidité dérange.

En 2021, nous avions visité ensemble avec bonheur l’exposition consacrée aux Rolling Stones au stade Vélodrome, lieu qu’il connaissait bien comme supporter inamovible de l’Olympique de Marseille, une occasion qui réunissait deux passions que nous partagions, sans omettre le rugby. A propos, nous espérons que tu n’es pas parti juste pour pouvoir dire « à jamais le premier ! » ou pour taper un bœuf avec Charlie Watts ?

Merci, en tous les cas, pour les bons moments d’amitié, de fraternité et de convivialité, partagés avec ta compagne, Claire, et tes amis, que nous n’oublierons pas.

Te voilà en route pour Ithaque, Philippe, l’île des immortels. Méfie-toi de ce vieil Ulysse. Ne râle pas trop, il pourrait mal le prendre. Sans doute passeras-tu auparavant par ton Île de beauté et par Venise, pour saluer le Juif errant à la Douane de Mer…

De toute façon, nous nous retrouverons tous en Ithaque. A bientôt donc, mais d’ici là, dieu que tu vas nous manquer !

Sylvie & Rémi Boyer