Les esprits élémentaires

Les esprits élémentaires de Karl Grün. Editions Amici Librorum.

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Les invocations aux esprits élémentaires, associés aux quatre éléments, dans les quatre directions, constituent un socle que nous retrouvons dans de nombreux rituels aussi bien chrétiens que non chrétiens. Ces rituels font partie du patrimoine traditionnel occidental.

La réimpression de l’ouvrage de Karl Grün (1843-1890) sur Les esprits élémentaires publié en 1891 est bienvenue pour comprendre le rapport qui était entretenu avec ces « élémentaux » il y a plus d’un siècle aussi bien dans les milieux populaires que dans les milieux initiatiques.

Le Karl Grün auteur de ce livre n’est pas le Karl Grün (1817-1887) socialiste qui fut proche de Marx et Engels. Ce pharmacien, botaniste, folkloriste, qui décéda à Liège, reste peu connu. Il fut diplômé de l’Université de Bruxelles en sciences naturelles en 1862, puis plus tard en pharmacie, avant de s’installer à Verviers. Il fut l’un des membres fondateurs de la Société Royale de Botanique de Belgique. Ce livre fut publié peu de temps après son décès.

« Mon but, écrit-il, est de décrire les esprits élémentaires, c’est-à-dire, cette sorte de divinités de rang inférieur qui logent dans l’eau, l’air, la terre et le feu, les quatre éléments comme on disait autrefois. Je veux faire, en d’autres mots, la mythologie comparée des humbles et des petits, de ceux que les gens pratiques connaissent le moins et qui prennent cependant si large place dans la croyance populaire. »

Ces esprits ne sont pas spécifiques à l’Occident, Karl Grün explore d’autres cultures afin de les identifier. Dans toutes les cultures, ils habitent les mythes, légendes, contes et autres véhicules de croyances ou pratiques, souvent en lien avec la nature.

« Lorsqu’il s’agit de mettre de l’ordre dans cette légion d’êtres qui remplissent le monde, on éprouve de sérieuses difficultés, remarque l’auteur. Il devient souvent impossible de décider si tel ou tel esprit appartient à l’un ou l’autre élément. »

La classification proposée par Karl Grün est en partie arbitraire, il en est très conscient, mais permet tout simplement d’éviter un catalogue sans queue ni tête. Nous trouvons quatre grands chapitres consacrés respectivement aux esprits de l’eau, aux esprits de l’air, aux esprits de la terre et aux esprits du feu. Si certains nous sont familiers, ne serait-ce que par les contes de notre enfance, comme les nains, les géants, les fées, les elfes, les sirènes, d’autres nous sont plus étrangers comme les kelpies, les vagous, les sottais, les alrunes… Il y a beaucoup à découvrir.

« Les gens « graves » qui rejettent de pareils livres avec dédain, ou qui les croient tout au plus bons pour les enfants, sont les mêmes que ceux qui n’ont jamais lu ni Alfred de Musset ni Victor Hugo, ou du moins qui ne les ont lus que très superficiellement, et qui considèrent la poésie comme une sorte de maladie mentale dont il faudrait garantir l’humanité » avertit Karl Grün.

Voilà une occasion de se rattraper…