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Le bonheur initiatique. A la recherche de la parole perdue d’Alain Pozarnik, collection Bibliothèque de la Franc-maçonnerie, Editions Dervy.

         Nous avons pris l’habitude de découvrir avec plaisir et grand intérêt les ouvrages d’Alain Pozarnik, sept déjà chez Dervy, consacrés à la Franc-maçonnerie, où l’érudition maçonnique se mêle à une nécessaire lucidité. Ce nouveau livre comporte une dimension supplémentaire, plus vaste. Il vient comme couronner les précédents, donnant un cadre initiatique, philosophique et métaphysique à l’ensemble d’une oeuvre. C’est un ouvrage profond, intime même, de cette intimité spirituelle que seule permet l’accomplissement du processus initiatique dont Alain Pozarnik nous rend compte dans ses pages.

         Aventure partagée. C’est ainsi que l’auteur conçoit son livre, une aventure initiatique partagée avec un lecteur en quête des voies de sagesse :

         « C’est encore une fois avec cette espérance que je souhaite que nous nous aventurions ensemble dans ce nouveau livre. Pas pour que vous croyiez en ce que j’essaie de partager mais pour vous montrer que le  voyage initiatique est possible même si certains initiés ne nous montrent pas l’exemple. »

         Rares sont les livres qui font penser, notamment dans le domaine maçonnique où, une fois écartés les ouvrages de présentation générale, les ouvrages à caractère historique et les catalogues de redite symbolique, il ne reste plus grand-chose. Alain Pozarnik a construit son propos afin d’amener le lecteur à penser, à penser en liberté. L’ouvrage est créateur d’espaces de pensée. Toute pensée véritable est comportementale, au contraire de l’opinion. Est initié celui qui vit en initié. Un préalable cependant, l’attention, la présence à soi-même à laquelle nous rappelle régulièrement l’auteur, pour échapper aux « mécanismes de l’homme-animal naturel ».

         « L’arrêt, le stop, permet d’échapper aux certitudes précédemment construites pour appréhender les présences actuelles aussi bien en nous que hors de nous-mêmes. Encore nous faut-il faire les efforts nécessaires à la vision claire de nos mouvements parasites et prendre la ferme décision de les arrêter. »

         Cet accès au silence permet l’investigation de l’immanence et de la transcendance :

         « La connaissance de ce qui est, de l’immanence, avant même d’aborder le cacher transcendantal est une connaissance indispensable à l’homme sérieux qui souhaite effectivement utiliser son intelligence pour élargir sa sphère de compréhension du visible et du réel perceptible par la raison ordinaire. Cette connaissance de la nature intéresse la réflexion des sciences et exige une démarche volontaire dégagée des impressions dues aux préjugés, à l’affect et aux intérêts personnels. Cette démarche suppose de savoir renoncer à nos propres points de vue pour nous approcher d’une rigueur objective. Cette même démarche de liberté, nécessaire dans les sciences de la nature, est nécessaire dans l’approche de la réalité globale qui comprend la  réalité invisible. »

         Cette recherche de l’état objectif s’accompagne d’un véritable humanisme au quotidien, non d’un humanisme idéologique et uniformisant dans lequel l’ego se complaît mais d’un humanisme pragmatique et créatif :

         « Un initié ne peut pas construire un monde idéal, seulement relever les hommes qui tombent pour qu’il y en ait le moins possible dans la fange de la vie, pour que lui-même ne soit pas prisonnier de ses passions tristes, pour qu’il y ait dans le monde un maximum de passions heureuses. Lorsque nous voulons de force bâtir un monde idéal nous le détruisons alors que si nous tenons compte des réalités, l’amélioration vient du cœur de la vie. L’important est de regarder en face la réalité avec les yeux de la fraternité, de la justice et de l’équité. »

         Alain Pozarnik détaille le processus initiatique, ses étapes, ses noeuds, ses portes, ce retour à une liberté intrinsèque, celle du réel, processus qui se nourrit du partage. Le partage est la matière même du compagnonnage et ce livre est un livre compagnon, on pense à l’esprit bon-compagnon de Martines de Pasqually, il n’est pas destiné à la lecture mais à la pratique et à l’expérience partagée.

         « Un véritable initié, insiste Alain Pozarnik, pas quelqu’un qui a assisté à une cérémonie d’initiation mais un véritable initié, comprend l’ignorance des guerriers, des intrigants, des craintifs mais ne se laisse pas entraîner par eux. Il comprend ceux qui veulent diriger, imposer, dominer mais il ne se laisse pas séduire. Il est entièrement libre même de la séduction d’un avenir agréable. Il reste ancré dans sa paix, il vit sa paix, il vit immédiatement, là où il se trouve au quotidien, avec tout son esprit et tout son cœur, avec la paix universelle. (…) La paix est un battement intérieur qui vient du cœur et la paix initiatique vient d’un espace qui palpite à l’intérieur du cœur lui-même, à l’intérieur de l’Être, et parfois, d’encore plus profondément, de cet espace de lumière où siège l’Esprit plein de discernement, de sagesse et d’amour.

         Être initié, c’est simple, très simple… »

         Ce très beau témoignage initiatique est aussi un testament spirituel. Alain Pozarnik nous invite, par pensée et par expérience à une sagesse, à une liberté, à ce « Bonheur initiatique » qu’il souhaite partager avec nous. Merci à lui.

Editions Dervy, 22 rue Huyghens, F-75014 Paris.

Tag(s) : #Tradition
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