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Le Rire du Tigre. Dix ans avec un maître Zen par Marc de Smedt. Editions du Relié, Groupe Guy Trédaniel, 19 rue Saint-Séverin, 75005 Paris, France.

https://www.editions-du-relie.com/

La réédition, revue et augmentée, de ce livre, publié initialement en 1985, permet de mesurer l’influence grandissante de la tradition et de la culture zen dans la société occidentale et sa réception.

Marc de Smedt pratiqua le zen avec maître Taisen Deshimaru (1914-1982) à une époque où le zen sortait de la confidentialité. Son témoignage est intéressant car il permet d’approcher l’essence du zen à travers une personnalité qui laissa un enseignement puissant et une empreinte particulièrement marquée.

L’ouvrage débute par la mort du maître et toutes les questions fondamentales qui ressurgissent à ce moment, et cette pensée de Deshimaru surgit :

« J’ai eu de nombreuses expériences métaphysiques et je crois dans ce monde métaphysique ; mais on ne peut le ramener à quelque chose de petit. Le cosmos est infini. On écrit ou médite sur le monde métaphysique mais on n’en touche que des aspects minuscules alors qu’il est infini. Aussi ne pouvons-nous en parler. Mon expérience et celles des autres sont différentes et on ne peut décider si c’est comme ci ou comme ça. Les catégories ramènent les choses à une petite dimension. »

Plusieurs dimensions du zen sont abordées, certaines pratiques, autour de zazen, d’autres philosophiques ou métaphysiques. Toutes cependant relèvent de l’expérience, du vécu intime. « Il faut penser avec le corps » dit un adage zen.

« L’on veut faire zazen, on vient au dojo, mais dès que l’on sent les minutes s’égrener trop lentement, alors on n’a qu’une hâte, que zazen finisse pour pouvoir se dégourdir les jambes et aller boire un verre. Notre vie ne cesse d’être écartelée entre ces deux attitudes : celle de poursuite et celle de fuite. »

La vie du Dojo, le rapport au m aître, la réception de l’enseignement, sont décrits à travers des moments simples et des commentaires traditionnels. Certains aspects sont longuement développés : agir et non-agir, forme et vide, l’esprit du geste, qui caractérisent non seulement la tradition zen ou tchan mais les pratiques des arts martiaux, ou de la calligraphie, ou de l’ikebana… qui en sont une application permanente.

En maintes occasions, Deshimaru, en son style parfois décalé mais efficace, met en garde contre l’intellectualisme, contre l’illusion de comprendre.

« Même si nous atteignons à une compréhension intellectuelle personnelle, à une connaissance universitaire parfaite, c’est au-delà que se situe l’esprit du zen. »

Marc de Smedt fait parfois appel au miroir d’autres traditions pour éclairer ou interroger certains enseignements.

Si ce livre est un témoignage sur l’avènement du zen en France, devenu historique, les moments de vie partagés avec le maître et avec le dojo, les anecdotes, tissés avec des extraits des enseignements de Deshimaru ou d’autres grands maîtres passés, les interrogations et les réponses inattendues, font chemin et rapprochent le lecteur disponible de lui-même.

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