L’Ami de Verlaine

L’Ami de Verlaine par Alain Delbe. Editions de L’œil du Sphinx, 36-42 rue de la Villette, 75019 Paris – France.

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Alain Delbe a déjà publié de nombreux romans et nouvelles dont en 1994 le roman Les Îles Jumelles qui reçurent le prix Alain Fournier. Psychologue, il explore aussi bien les méandres de la psyché humaine que les marges fantastiques ou paranormales. Souvenons-nous de son excellent Musée des Mystères. Bon connaisseur de la littérature, il nous emmène au Tréport où son personnage, Charles Brodèque, après avoir longtemps fréquenté le Tout-Paris, souhaite se retirer. Nous sommes en 1913. Mais, la Normandie a ses secrets.

Charles Brodèque croisa à plusieurs reprises Verlaine avec qui il partagea quelques moments éphémères mais marquants et bien d’autres artistes, Hugo, Maupassant, Mallarmé… quand il vivait à Paris. Et puis, il y a Julie Pinson, qu’il découvre lors des funérailles de Manet en1883. Un grand amour s’en suivit jusqu’à l’automne 1912, date du décès de celle devenue son épouse. Ce sont ses cendres qui l’accompagnent au Tréport au printemps suivant. Après avoir dispersé les cendres de Julie dans la mer, puis installée officiellement l’urne, vide, au cimetière, il entre dans une librairie inconnue où l’étrange commence à se glisser dans sa vie par l’intermédiaire d’un livre de Marie Bashkirtseff, une amie de Julie, elle aussi décédée. Dans la librairie, un rayon est réservé aux ouvrages d’occultisme et de spiritisme.

C’est fou ce que la littérature permet, rencontres, explorations improbables… Le temps n’est pas ce que nous croyons et la réalité non plus. Bien des porosités spatiales, temporelles et encore d’une autre nature, introduisent dans notre expérience de ce monde apparemment si tangible, de l’intangible justement.

Le lecteur est rapidement pris dans l’intrigue et dans les questionnements des personnages qui semblent aller et venir autour d’un mystérieux Monsieur Huns. Sans parler d’un bateau venu d’on ne sait où.

« Un brick. Voiles baissées. Apparu hier après-midi. Personne ne l’a vu venir. Deux mâts, comme on n’en fait plus. Il ne bouge pas. Il n’y a pas l’air d’avoir quelqu’un à bord. Des gars ont essayé de l’approcher hier. Coups de vent contraire, courants aucun de leurs grappins ne l’a accroché, tout glissait. Personne n’a pu y monter. Comme si une force les repoussait. Ahurissant. Alors depuis, ça cavale dans les têtes. »