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Les Hommes sans Epaules n° 59. Sous la direction de Christophe Dauphin. Les Hommes sans Epaules Editions, 8 rue Charles Moiroud, 95440 Ecouen.
Les Hommes sans Epaules consacrent ce numéro 59 à Ilarie Voronca & les poètes du Rouergue et du Gévaudan.
Eduard Marcus, devenu Ilarie Voronca (1903-1946), méritait ce numéro, lui qui reste encore méconnu malgré un talent et une œuvre qui continuent de fasciner. Franco-roumain, il est frappé d’oubli aussi bien en Roumanie qu’en France. Il fut l’un des piliers des avant-gardes roumaines, détruites par les dictatures successives, qui trouvèrent en partie refuge en France. Christophe Dauphin raconte cette histoire complexe, encore douloureuse, et finalement toujours largement incomprise.
Réfugié, juif et antifasciste, Voronca fut sa vie durant sujet à des traques, des exclusions ou des indifférences marquées. Il fut un grand solitaire malgré son épouse, Colomba Spirt, intellectuelle, non-conformiste, égérie des peintres et poètes de Bucarest, et un autre amour, Rovena. Les joies ne font que masquer temporairement une détresse essentielle.
Pendant l’occupation nazie, il trouve refuge à Rodez et en Aveyron où, heureusement, il rencontra de vrais compagnons de route.
Son œuvre, poésie et prose, est vaste et pleine d’intensités à la hauteur de l’errance.
Le dossier très fourni établi par Christophe Dauphin permet d’approcher certains aspects d’un être qui demeure insaisissable et d’une œuvre bouleversante, habitée par la mort.
L’attendue
Il y a des pierres ici, des arbres et des herbes
Qui veulent te connaître et attendent tes mains
Il y a le satin de la mer qui attend ton corps
Pour en épouser le rayonnement et les contours.
Ton nom qui a fleuri l’univers de la chambre
Les flûtes des saisons qui attendent tes lèvres
Toute la création espère en ta venue
Car sans toi, tout est privé d’éclat.
C’est pour toi que les oiseaux chantent
Et la nuit met sa robe de velours pour ton souffle
C’est pour toi que les fleurs assemblent leurs couleurs
Car ton regard est leur plus glorieux parfum.
Tu te meus en silence et pareille aux nuages
Ne montrant que ton ombre sur les violons de l’eau
Parmi les choses dont la mémoire dessine
Ta place nettement entre les murs éteints.
Insaisissable, si je passe entre tes voiles
N’est-ce pas pour chanter ta tristesse partout
Ce désir violent qui t’amène vivante
Les doigts parés de tous les feux du souvenir.
Ce superbe numéro des HsE permettra sans doute à certains de découvrir un poète d’exception, et rendre un peu plus dense le « fantôme ».
Sommaire :
Editorial : « Permis de séjour, de Bucarest au pays des Causses », par Christophe Dauphin.
Ainsi furent les Wah 1 : Poèmes de Christophe Dauphin, Jean-Henri fabre, François Fabié, Henri Terral, Eugène Viala, Roger Frène, Christiane Burucoa, Gérard Cantaloube, Jean Digot, Denys-Paul Bouloc, Georges et Jean Subervie, Jean Sénac, Claude Sernet.
Dossier : « Ilarie VORONCA & les poètes du Rouergue », par Christophe Dauphin, poèmes de Ilarie Voronca.
Ainsi furent les Wah 2 : Poèmes de Marie-Claire Bancquart, Bernard Noël, Louis Aldebert, Christian Da Silva, Anne-Marie Bernad, Marcel Chinonis, François Laur, Bernard Fournier, Francis Combes, Christian Viguié, Monique W. Labidoire, Jean-Claude Tardif, Benjamin Guérin, Béatrice Pailler, Anne Barbusse, Sacha Zamka.
Souvenirs de la maison des fous (prose) : « ARTAUD à Rodez », suivi de « Paul ELUARD en Lozère », par Christophe Dauphin, poèmes de Antonin Artaud, Paul Eluard.
Les pages libres des Hommes sans Épaules : Poèmes de Christophe Dauphin, Alain Breton, Paul Farellier.
Notes de lecture, infos, échos.