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Peut-on garder le secret maçonnique ? par Jean Dumonteil. Editions Dervy, 19 rue Saint-Séverin, 75005 Paris, France.

http://www.dervy-medicis.fr/

Jean Dumonteil débute son essai par une mise en évidence de toutes les ambivalences relatives à notre rapport au secret, que ce soit en milieux profanes ou en milieux initiatiques. Entre incitation, parfois impérative, à la transparence et droit au secret ou à l’intimité, le sujet méritait en effet d’être abordé pour nous aider à comprendre « le secret maçonnique » et son évolution au fil des siècles.

Jean Dumonteil distingue deux types de secrets maçonniques. Le premier est celui qui préserve l’appartenance des membres à l’ordre maçonnique et la nature des travaux. Le second est inhérent au processus initiatique et relève de l’intime et de l’indicible.

« A la différence, dit-il, des cheminements qui nous poussent dehors, le chemin maçonnique va de l’extérieur à l’intérieur. L’apprentissage du secret et du silence comme un apprentissage de la compréhension de l’invisible. Et pour cela, il faut commencer par se taire. »

Toutes les spiritualités et traditions initiatiques ont en commun l’appel au silence, au silence intérieur qui commence par un éloignement des bruits de plus en plus envahissants de notre monde.

Jean Dumonteil nous introduit aux quatre temps du silence proposés par Raimon Panikkar, étouffement des paroles – reconnaissance de la confusion des mots – reconnaissance de l’inadéquation des mots – absence de la parole, installation dans le silence, avant d’étudier la triangulation entre silence, secret et sacré.

« Silence-secret-sacré, cette triangulation surpasse tout raisonnement et ouvre à l’universel. Elle permet, seule, de s’orienter, de retrouver l’Orient. (…) Le silence résonne infiniment. Eternelle poésie créatrice qui nous émancipe de nos vies prosaïques, de la prose des apparences. Nous voilà libérés du silence de la mort qui n’est plus un silence muet comme un mur, mais un silence de goutte d’eau qui, dans l’infiniment petit de son secret, contient en elle l’océan, comme une veilleuse s’ouvre à l’ampleur du silence étincelant. Puissance des mots, l’étincelle devient plénitude qui illumine. »

« Secret, rites et traditions, sont-ce d’autres façons d’exprimer l’ineffable ? » demande l’auteur, car toute la question est là, comment donner le pressentiment de l’indicible ?

« Entre initiés, répond-il, la transmission s’effectue au-delà des mots. Voilà la force du rite et de la méthode initiatique, dont la Franc-maçonnerie est la dernière voie occidentale. »

Bien que, Dieu merci, Jean Dumonteil se trompe, la Franc-maçonnerie n’est qu’une voie occidentale parmi d’autres, toujours bien vivantes pour qui sait les chercher, il voit juste sur la nature de la transmission : « Cette transmission préservée dans le secret restera incompréhensible à nos contemporains si on ne leur explique pas ce qu’est la tradition… »

Dans un monde qui fait la promotion des basculements complotistes et des errances le plus improbables, Jean Dumonteil nous donne une matière à repenser le secret et à clarifier, dans la tension entre tradition et modernité, le rapport véritablement initiatique que nous pouvons établir avec lui, au service d’une véritable fraternité.

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