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La simple éthique de Spinoza par Emmanuel Cheiron. Editions Accarias L’Originel, 3 allée des Œillets, 40230 Saint Geours de Maremne.
https://www.originel-accarias.com/
L’Ethique de Baruch Spinoza constitue son œuvre majeure, œuvre exigeante qui demande un immense investissement pour être en partie saisie. Emmanuel Cheiron, bon connaisseur des courants non-dualistes, propose à ceux, nombreux, qui rechignent à se confronter directement à l’œuvre, une introduction à celle-ci sous la forme d’un choix d’affirmations spinoziennes commentées par des scolies qui nous entraînent vers d’autres penseurs, d’autres traditions.
Afin de mieux comprendre la démarche de l’auteur et les bénéfices que nous pouvons en obtenir, passons par un extrait significatif :
Pour Spinoza, « il existe trois niveaux de connaissance et de perception ».
« Scolie
Le premier est le plus partagé dans l’humanité : c’est le niveau de la connaissance mutilée et confuse.
Les philosophes grecs l’appellent doxa. D’une manière plus triviale, on l’appelle la bêtise. La bêtise est très répandue, et montre amplement tant l’échec actuel et provisoire de la substance que le triomphe de l’erreur dans la société. Très souvent, la bêtise est tragique car elle mène au meurtre. On l’a bien vu lors de la Deuxième Guerre mondiale : penser que les juifs étaient la cause du malheur de l’Allemagne est une idée bête. On le voit bien aujourd’hui : penser que nous progressons collectivement parce que nous sommes en compétition les uns les autres est absurde et néfaste. Cela ne correspond en rien aux réalisations de l’humanité, qui résultent de la coopération. L’homme pense et il a peur. Tout ce qui permettra à l’humanité de s’affranchir de la peur est bon.
Le second niveau constitué par les notions communes, est entièrement vrai. Il s’agit d’un ensemble de lois constantes, universelles, et qui règlent l’intelligence usuelle et relative.
Le troisième niveau, mystique, est l’action sous l’impulsion de l’amour éternel de la substance. On pourra nommer un certain nombre de mystiques décisifs dans l’histoire de l’humanité : Moïse, les sages du Tao Tö King, Bouddha, Socrate, Jésus, Muhammad, Abhinavagupta, et pour le siècle précédent, Ramana Maharshi, Ramdas, Eckhart Tolle.
La bêtise (que l’on nommera par la suite premier genre de connaissance par ironie) est fausse. La raison et la mystique sont vraies. »
Nous voyons le processus adopté par Emmanuel Cheiron pour nous rapprocher de Spinoza. Les « vrais » spinozistes seront déçus mais, nous l’aurons compris, le livre ne s’adresse pas à eux. L’intérêt du texte réside dans le tissage non-dualiste qu’il déploie progressivement à partir de Spinoza pour revenir à Spinoza.
Emmanuel Cheiron respecte la structure et la logique de l’œuvre de Spinoza, ce qui importe puisque, rappelons-nous, Spinoza recherchait une méthode géométrique, rigoureuse, pour structurer sa philosophie.
Pour ceux qui veulent se familiariser avec la pensée de Spinoza, ou l’approfondir, nous signalons aussi l’excellente adaptation en BD de L’Ethique par Philippe Amador chez DunodGraphic et, bien entendu l’indispensable cours de Gilles Deleuze sur Spinoza, disponible sur le site https://www.webdeleuze.com/