/image%2F0562708%2F20241010%2Fob_5b3f79_couv-l-arnolphe.jpg)
La Franc-maçonnerie et le mystère de l’Ecossisme de Louis Arnolphe. MdV Editeur, 16bd Saint-Germain 75005 Paris.
Louis Arnolphe est enseignant, chercheur en sciences sociales et docteur en histoire de l’Université d’Oxford. Il s’intéresse dans ce livre à l’Ecossisme pour éclairer certains des mystères qui entourent la question dite « Ecossaise ».
L’ouvrage est structuré en quatre chapitres d’une grande logique. Le premier traite de l’étymologie et de l’histoire du mot freemason. Le deuxième fait de même avec sa traduction en français, franc-maçon. Le troisième chapitre aborde l’origine des hauts grades et leur développement jusqu’à former le Rite Ecossais Ancien et Accepté. Le quatrième chapitre aborde « le mystère de l’Ecossisme ».
Concernant l’étymologie et l’histoire du mot freemason, Louis Arnolphe se rallie à la thèse de David Taillades et à la conclusion d’un article annoncé dans les Ars Quatuor Coronatorum :
« L’article à paraître conclut qu’« il semble dont hautement improbable que "free" soit une dérivation de "freestone" et hautement probable [que le terme freemason] provienne en fait de la Géométrie, science "libre" par elle-même, fondement de toutes les autres ». Historiquement renforcée par le fait que cette hypothèse provienne des Old Charges, c’est-à-dire des textes régissant historiquement le métier au Moyen Âge en Angleterre. »
L’affaire se complique avec la traduction en français. L’expression maçons libres est attestée dès 1735 et frey-maçon en 1737. C’est le pape Clément XII qui écrit « francs-maçons » pour la première fois en 1738 dans sa bulle latine In eminenti apostolatus specula. D’autres alternatives verront le jour avant que la traduction que nous connaissons soit adoptée massivement à partir de 1742.
« Notre question initiale, écrit Louis Arnolphe, était « Quelle est l’origine de la traduction de "freemason" en "franc-maçon" ? A celle-ci nous pouvons désormais apporter une réponse claire et nette : « Franc-maçon » n’est en aucun cas une traduction de l’anglais freemason dans un sens économique ou de qualité humaine mais elle a rapidement pris le sens de « Maçonnerie du peuple franc », c’est-à-dire des croisés, puis avec les Encyclopédistes celui de « Maçonnerie du peuple français ». La responsabilité initiale en revint au chevalier de Ramsay puis à La Tierce. »
La Franc-maçonnerie française se distingua de la Franc-maçonnerie britannique par son templarisme et son ésotérisme qui nourrirent la création des hauts-grades, inspirés par le chevalier Ramsay et sa référence à l’Ecosse comme à la Loge de Kilwinning, et le développement de « l’Ecossisme ». Louis Arnolphe donne des repères au lecteur pour un approfondissement de cette question avant de proposer « une analyse multifactorielle et pluri-grades » de l’Ecossisme du REAA. Il s’efforce de rappeler différents regards sur la question, Irène Mainguy, Roger Dachez, Paul Naudon et d’autres pour finalement parler de plusieurs Ecossismes. L’Ecossisme ne fut pas sans idéologie politique, aujourd’hui largement oubliée. Le mythe sociopolitique de restauration du Saint Empire, qui glisse vers celui de la Jérusalem Céleste, est pourtant caractéristique du REAA.
Cet essai sur un sujet d’une rare complexité et qui comporte encore bien des incertitudes permet de mieux comprendre la richesse de la Franc-maçonnerie continentale.