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Faire de nos boiteries une danse par Reza Moghaddassi. Collection Le Cercle des Vivants. Éditions L'Originel - Charles Antoni, 16 bis rue d'Odessa / BP 37, 75014 Paris.

https://loriginel.com/

Reza Moghaddassi, qui tente d’introduire la méditation à l’école, de la maternelle au lycée, ce que d’autres avant lui n’ont pas réussi à faire, répond aux questions d’Aurélie Chalbos. Pour débuter cet entretien, il a choisi un très beau texte de Lanza del Vasto, Tiens-toi droit, un appel à maintenir le sourire intérieur de manière permanente quels que soient les événements. « Mais comment est-il possible de continuer à sourire au cœur du malheur ? s’interroge Reza Moghaddassi. Car il y a en nous un espace plus grand que les malheurs du monde et plus grand que les folies des hommes, comme il y a un grand ciel bleu et un soleil lumineux au-dessus des nuages, même lorsqu’il y a une tempête au-dessous. Il s’agit d’essayer de garder le lien avec ce grand soleil. »

« Avoir un pied dans ce monde et un pied dans l’autre », rechercher incessamment cette verticalité qui apaise et libère, tout en acceptant ce qui se présente, souvent douloureusement, nous rend boiteux.

Et de chercher à faire de cette boiterie une danse : la spiritualité certes mais il est aussi question de sincérité, du rire, de l’ajustement, de distinction, de lucidité… Comme Lanza del Vasto, il distingue la force de la violence qui est l’abus de force.

Contre le monde comptable que l’on cherche à nous imposer, il propose un monde aimant et généreux qui rend l’être humain plus complet, plus vivant. Utopie ? certes mais l’utopie est toujours un projet, non une illusion. Face à l’hyper-technologie, il préfère la réalisation de l’esprit :

« D’un point de vue spirituel, nous préférons à l’homme hébété devant ses écrans, l’homme habité ; à l’homme transhumain, l’homme transfiguré, c’est-à-dire cet homme qui s’est éveillé à une dimension en lui capable, non plus d’une joie conditionnelle, mais d’une joie inconditionnelle, non pas d’un amour conditionnel, mais d’un amour inconditionnel. La puissance spirituelle repose sur la rencontre de ce qui en nous est libre à l’égard de la causalité et de la dualité, de ce qui en nous relève de l’éternité, au-delà de l’espace, au-delà du temps, au-delà de la naissance et de la mort. »

Pour sortir du filet des rêves morts, Reza Moghaddassi envisage trois types de retournements, de réveils.

« Le premier type de retournement consiste à réaliser que le récit social et collectif, politique et médiatique que nous avons été conditionnés à croire depuis notre enfance est en grande partie un tissu de contre-vérités. »

« Le deuxième retournement consiste cette fois à reconnaître que ce que nous appelons notre identité est d’abord une identification, autrement dit que nous avons eu tendance à réduire notre être à un personnage que nous avons construit avec le temps avec son costume, ses opinions et sa « personnalité ». »

« La troisième forme de retournement désigne cette fois le réveil métaphysique, la libération spirituelle, la sortie de la caverne, la rencontre avec le divin. »

Ces trois retournements apparaissent comme un chemin, un processus de désidentification, d’abord à l’externe, ensuite à l’interne conditionné par l’externe, pour un jaillissement, libre de toute contrainte, déviance ou stérilisation.

Nous pensons à la voie initiatique traditionnelle qui fait de Jacob, l’homme courbé, un tsadik, un homme redressé. Devenir danseur.

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