Vers une espérance commune

Vers une espérance commune de Gilles Cosson. Editions Pierre-Guillaume de Roux, 41 rue de Richelieu, 75001 Paris.

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Gilles Cosson entreprend de répondre, avec nous, aux défis de l’époque. Loin d’asséner des vérités toutes faites, il propose un cheminement réfléchi, lucide et synthétique, prenant appui, avec précision, à la fois sur les sciences et les traditions.

La première partie, La situation d’aujourd’hui, chronique d’une catastrophe annoncée dresse un état des lieux et ce qui nous a conduit à une situation tragique. Il s’intéresse au sentiment religieux comme ciment des sociétés humaines du passé et à sa dégradation en nationalismes. Il constate les conséquences nocives de l’affaiblissement de la bases religieuse et sociale générant un vide propice aux intégrismes mais aussi la créativité qui s’en suit :

« Ce n’est pas un hasard si la science a connu un essor prodigieux à l’époque de la Renaissance, le développement de l’esprit critique lié à la Réforme n’ayant fait qu’illustrer le phénomène. Pour exprimer différemment cette idée, disons que l’amour de la liberté intellectuelle qui est le propre de l’Occident a abouti à l’affaiblissement des valeurs religieuses, mais aussi à une société qui parvient globalement à gérer d’immenses différences : couleur de peau, religions, attitudes sexuelles, croyances politiques, etc. »

La multiplication des déséquilibres et des tensions dans le monde, les égoïsmes exacerbés des uns, le désespoir des exclus ne peut conduire qu’au pire :

« Un minimum de clairvoyance devrait nous conduire à la conclusion que seule une prise de conscience des motifs de la situation actuelle peut sauver l’humanité du désastre qui se prépare. En refusant d’en affronter les raisons économiques et religieuses, en n’offrant pas aux peuples en cause d’alternative crédible sur le plan matériel, mais aussi spirituel, nous ne facilitons pas la prise en compte du problème. »

La deuxième partie de l’ouvrage pose des Jalons pour une espérance commune. Gilles Cosson part de la double nature de l’être humain pour en appeler à une approche rationnelle de la spiritualité qui nécessitera la formulation d’une morale. Pour lui, la démarche rationnelle, qui ne s’oppose pas à l’intuition, « consiste à rechercher dans nos actes ce qui élève par opposition à ce qui abaisse, ce qui affranchit plutôt que ce qui opprime, ce qui valorise plutôt que ce qui dégrade ». Il en découle une démarche faite de quatre moyens : la reconnaissance des splendeurs de la connaissance, la poursuite de la beauté, la lutte contre la souffrance, l’acceptation de l’échec visant à une réconciliation. Cette réconciliation n’est possible selon Gilles Cosson que par intériorisation critique, véritable méthodologie pour explorer les recoins les plus sombres de nous-mêmes.

La troisième partie pose Dieu comme hypothèse raisonnable afin de concilier rationalité et intuition mais aussi de se garder des certitudes comme des interdits. La question de la liberté de choix devient centrale, indissociable de celle des valeurs. Une congruence entre pensée, parole et acte, une intégrité donc, est vitale. Pour Gilles Cosson, elle nécessite le recours à la méditation, à la prière et à l’altruisme sans écarter le doute qui est l’un des composants de la sagesse.