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Philosophie, méthode et pratiques initiatiques par Alain Pozarnik. Editions Dervy, 19 rue Saint-Séverin, 75005 Paris, France.

http://www.dervy-medicis.fr/

 

Alain Pozarnik est l’un des plus éminents penseurs de la Franc-maçonnerie. Il le démontre une fois de plus avec cet ouvrage très approfondi en mettant son expérience, non pas seulement maçonnique, mais surtout son expérience de vie dédiée à l’initiation et à la queste de l’Être, au service d’une pensée et d’une pratique.

 

« Il est évident, confie-t-il, qu’au-delà de tous nos mouvements égotistes, il y a en nous un quelque chose de non affecté, d’immuable. C’est au centre de cette conscience d’Être que la vérité sur le mystère de la vie se révèle par un état d’Amour, et c’est ce chemin des initiés et des philosophes que je voudrais que nous empruntions ensemble… »

 

Les temps ont changé, nous dit-il, la méthode de transmission initiatique ne doit plus être réservée. La jeunesse doit y avoir accès au risque d’une perte de l’Être dramatique et, en corollaire, de la perte d’une sagesse du quotidien indispensable à l’évolution. La tradition, loin d’éloigner du monde tel qu’il est, persiste, encore et encore, à ramener l’essence humaine dans les modernités successives. « La tradition est vivante, nous dit-il, parce qu’elle concerne des hommes vivants, voyageant sur un chemin qui conduit à la déification naturelle de l’humain. » Et d’insister sur la notion de fraternité, bien mal comprise aujourd’hui :

« La fraternité est le chemin vers… ce que nous pourrons atteindre d’amour ou d’Amour avec un A majuscule. La fraternité qui deviendra peut-être Amour est l’essence naturelle de la vie humaine, du devenir humain en Homme accompli. L’évolution darwinienne de l’homme-animal passe par la fraternité et devient Amour. Devenir jusqu’à l’Amour, est l’évolution de l’homo-sapiens. »

 

Nous distinguons clairement, derrière les mots, la finalité non-duelle du procès initiatique, l’Amour étant la saisie immédiate de la non-séparation, expérience qui s’affranchit des règles, des normes, des représentations et des croyances.

«  Pour devenir ce que nous sommes, alors que nous sommes autre chose que ce que nous pouvons devenir, il ne faut pas vouloir ce que nous croyons être. L’absolue réalité se gagne, dans un premier temps, par la conquête volontaire de la vie de l’Être alors qu’ensuite l’Esprit se fait connaître à partir de l’Être réellement en vie. Autrement dit,  l’attention à soi-même des initiés n’est pas une introspection qui découvrirait la cause de ce que nous sommes ou de ce que nous pourrions être d’autre. Ce que nous pouvons devenir d’autre ne peut être découvert qu’en le vivant, c’est-à-dire uniquement en l’expérimentant, en l’exerçant, en appliquant concrètement à notre manière de vivre ce qui est actuellement sous forme de potentialité et, dans un deuxième temps, lorsque nous serons en harmonie, nous nous laisserons agir par l’énergie universelle. »

 

Inlassablement, Alain Pozarnik nous ramène à une ascèse initiatique éminemment pragmatique, mettant en garde contre « l’initié d’un soir » au verbe facile mais aussi contre la carence de la pratique qui empêche la réalisation du but intellectuellement compris. S’il propose une philosophie de l’Être, s’il évoque le parfum du devenir, c’est pour mieux nous inviter à devenir inventeurs de notre liberté. Car s’il y a transmission, l’Être, le Soi, ne se transmet pas. Il demeure. Le cheminement initiatique, qui relève lui de la transmission, conduit à cette ouverture et à la réinvention de soi-même. D’où les « fragments d’une méthode » proposés au lecteur et même les exercices rassemblés en fin d’ouvrage pour répondre à la question, souvent évitée, « mais enfin, comment ? ». La méthode initiatique est avant tout individuelle même si elle connaît ses passages obligés, comme l’attention, l’accès au silence. Elle vise la traversée des formes, la reconnaissance des conditionnements et la non-identification aux composés du moi, laissant libre la place pour l’Être.

 

«  Seul l’homme, nous dit Alain Pozarnik, par ses efforts possibles à œuvrer sur un axe intérieur, auquel il est attentif, peut échapper à des actions, des pensées et des sentiments prédéterminés par son histoire passée. Seul l’homme, axé par son Être, a la connaissance de manière indiscutable de sa position de prisonnier et d’exilé, parce qu’il peut évaluer la relativité de sa liberté même lorsque sa pensée égotiste croit choisir librement. La liberté n’est pas seulement un choix, elle est une libération des choix. »

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