Le Yiking selon Matgioï ou les graphiques de Dieu par José Nogueira, collection Voir l’essentiel, Maison de Vie Editeurs.
Après Le Tao selon Matgioï ou Comment gouverner notre vie ?, chez le même éditeur, José Nogueira poursuit sa mise à disposition de l’œuvre très intéressante de Matgioï né Albert de Puyou, comte de Pouvourville, personnalité complexe connue des milieux ésotériques du XXème siècle.
Son œuvre sur la Chine initiatique devait présenter, précise José Nogueira, « trois parties : La Voie métaphysique relatant les principes de la tradition et son mouvement philosophique et cosmogonique ; La Voie rationnelle exposant la systématisation de la tradition, avec le taoïsme, ou « Voie et Vertu de la raison », de Laotseu ; La Voie sociale, traçant l’adaptation de la tradition, avec la philosophie politique de Kongtzeu, appelé Confucius par les missionnaires chrétiens. »
Cette troisième partie ne vit jamais le jour. C’est La Voie métaphysique qui se retrouve, pour l’essentiel, dans ce livre, présentée de manière plus structurée et plus accessible au lecteur.
Matgioï avait parfaitement percé les apparences culturelles, ce qui se donne à voir, pour toucher l’essentiel :
« Ne se réclamant pas d’une source divine (au moins directe et spéciale à la race), ignorant la doctrine théocratique imposée, ne se constituant pas de dogmes religieux, cette tradition a pour corollaire immédiat que toutes les religions, toutes les liturgies n’ont pas d’origine traditionnelle, elles ne sont que des « facultés ». La Tradition ne s’impose pas autrement que par sa clarté et la toute puissante vertu de son passé. Comment les religions, traductions plus ou moins pures de cette tradition, dans le but de la plus facilement adapter au populaire, oseraient-elles prendre ce caractère de certitude obligatoire, qui n’est nulle part imposé par la Tradition elle-même ?
« Aimez la religion : défiez-vous des religions. » Cette maxime, inscrite au fronton des temples et dans l’esprit des hommes, est le seul conseil donné à la race jaune ; et ce conseil n’est pas un ordre. Mais il définit comment la Religion est précisément la Tradition primordiale, exclusivement humaine, et comment les religions à interventions célestes sont des moyens, plus faciles mais moins exacts de s’élever à la religion. »
Il cerne rapidement le caractère libertaire, non contraignant du taoïsme avant de s’intéresser au Yiking, « premier monument de la Connaissance ». Son approche est à la fois traditionnelle, dans son rapport à l’art et à la philosophie du Yiking et originale par le rapport à la vie conditionnée qu’il inspire, se risquant à une dialectique entre conceptions orientales et occidentales. Notamment, il éclaire de différentes manières le paradoxe selon lequel le dualisme est exempt de dualisme.
Le Yiking apparaît comme un chemin de réintégration de la Perfection, chemin évolutif qui n’est pas sans surprise. Ainsi, à propos du symbole du yin-yang et des quatre lois du tétragramme de Wenwang :
« En existant l’yin-yang satisfait au principe de causalité en se mouvant autour de son centre avec la vitesse de l’évolution humaine spécifique, il satisfait à la loi d’activité ; en ayant la forme circulaire, il satisfait à la loi d’harmonie ; en étant précédé et suivi d’un nombre indéfini de cercles concentriques, il satisfait à la loi du bien. Mais remarquons ici – et c’est une réflexion qu’il faut faire très profondément – que les trois premiers principes sont satisfaits à l’intérieur même de l’yin-yang, et que la satisfaction du quatrième principe (principe du Bien) se trouve hors de l’yin-yang c’est-à-dire qu’il faut considérer, pour procurer cette satisfaction, la situation des cercles voisins immédiatement. Dans l’intérieur d’un cercle considéré, seule la loi du bien n’est pas satisfaite. C’est dire que, dans l’intérieur d’une évolution humaine individuelle, l’attraction de la Volonté du ciel ne se fait pas sentir. Cette étonnante constatation ressort de la considération mathématique du graphique ; et elle va nous conduire aux conséquences métaphysiques sinon les plus imprévues, du moins les plus remarquables. »
Cet extrait montre qu’une lecture superficielle de Matgioï serait une erreur. S’il est relativement accessible, il énonce sans ostentation le plus souvent, des points qui devraient nous alerter.
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