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Dompter le lion. Un zen sauvage de Fabricio Bajec. Editions Le Mercure Dauphinois, 4 rue de Paris, 38000 Grenoble.

www.lemercuredauphinois.fr

Fabricio Bajec poursuit l’œuvre présentée dans son ouvrage Le point zéro, publié à L’Originel-Accarias, concernant un « zen radical » capable de se transposer en tout lieu.

Avec ce livre, il approfondit le principe traditionnel, aussi bien oriental qu’occidental, d’un monastère invisible, éphémère ou itinérant, d’une pratique minimaliste recherchant l’essentiel ici et maintenant dans, dit-il, un style « école buissonnière ».

Ce livre rapporte les reflets divers de l’expérience d’un groupe, petit groupe nécessairement, inscrit dans cette démarche.

Au tout début de l’ouvrage, il y a cette question et cette réponse :

« D’où vient cette pratique nomade ?

Du fait qu’on est chez soi partout, sans attaches. Le zendo sera peut-être un jour un lieu-dit. Mais l’esprit de cette ouverture à l’extérieur sera préservé. Qu’il y ait des parois ou pas, cela ne change rien pour nous. »

Cette évidence de non-séparation, cette intuition non-duelle, qui devrait s’imposer naturellement à tout individu inscrit dans une démarche spirituelle reste pourtant le plus souvent difficile à accepter.

L’ouvrage ne se présente pas comme un essai construit mais est conçu selon une déambulation dans laquelle le lecteur peu à peu se retrouve en liberté. Il est question du bain rituel, du mot cœur, de l’existence ou non-existence d’une chose, de la relation entre le maître et le disciple, de la poutre du dojo, de propos du moine Wanshi, de la nuit noire de l’âme… et de « dompter le lion », expression traditionnelle qui donne son titre à l’ouvrage. Ce lion, faut-il le tuer ou le dresser ?

Il faut d’abord le voir, le suivre, pour le capturer et le dompter. Mais après ? Après rien, plus de lion, plus de chasseur, plus d’histoire.

« Le silence fera son travail. L’énergie, le courant, ce rugissement intérieur seront hypnotiques. Il y aura un arrêt, et les illusions tomberont comme des mouches, avec toute la collection de tracas. Alors l’œil, oui, ce nouvel œil ne pourra plus se refermer. »

Cette « Présence », qui échappe à la recherche mais est néanmoins toujours là, profitant de chaque interstice, chaque faille, au sein de la conscience objective, pour faire signe, parfois s’établir, est saisissement.

« Au fond, suggère Fabricio Bajec, nous sommes tous des morts-vivants. Ce n’est pas parce que la plupart des gens font un usage modéré de leur conscience (la conscience-témoin), qu’ils sont plus morts que nous, pratiquants du zen. Etant donné que la mort alterne avec la vie à tout moment, nous ressemblons nous aussi à des fantômes, et ce n’est pas mauvais. Nous sommes tellement convaincus d’exister en tant qu’individus et nous ne voyons pas toujours que ce n’est pas le cas… Cette existence est pour ainsi dire fluctuante, comme les vagues de la mer qui se retirent et reviennent, dans l’impermanence. »

Témoignages, échanges, approfondissements, développements et moments poétiques de ce livre forment la barque qui permet de naviguer sur cette mer de l’impermanence jusqu’à devenir sa propre île des immortels. Une belle dérive… sauvage.

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