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Nous savons toute l’importance des travaux d’Alphonse-Louis Constant, dit Eliphas Lévi (1810-1875) pour le mouvement occultiste en général et pour le martinisme papusien en particulier. Voici deux belles rééditions de textes importants d’Eliphas Lévi.

Le rituel magique du Sanctum Regnum interprété par les atouts du Tarot par Eliphas Lévi. Annotations de W. Wynn Westcott, M.B.Editions Amici Librorum.

https://www.facebook.com/amici.librorum/?locale=fr_FR

Le Rituel magique du Sanctum regnum est un texte majeur dans l’œuvre importante d’Eliphas Lévi. Le baron Spedalieri, disciple et héritier de Lévi, fit l’acquisition du manuscrit qui passa entre les mains d’Edward Maitland, d’Anna Kingsford, personnalité remarquable, et fut édité par W. Wynn Westcott (1848-1925), l’une des figures de la Golden Dawn.

Les Editions Amici Librorum ont fait le choix de cette réédition en anglais et en français, deux volumes séparés, en couleur car l’un des grands intérêts de ce livre réside dans les huit superbes illustrations en couleur réalisées par l’auteur et reproduites dans ces pages d’après l’original de 1896. S’ajoutent les XXII Arcanes majeurs du Livre de Toth d’Oswald Wirth publié en 1889 car Eliphas Lévi livre ici une remarquable analyse de ces 22 Arcanes du Tarot.

Dans sa préface, W. Wynn Westcott explique la place du texte dans l’œuvre d’Eliphas Lévi :

« Le lecteur ordinaire, qui n’a pas fait d’étude particulière sur les écrits magiques d’Eliphas Lévi, ni sur la Kabbale, pourrait considérer que, bien que le contenu de nombreux chapitres suivants soit intéressant, le lien entre les Tarots et les détails donnés sous chaque titre est plutôt ténu. Il faut comprendre qu’il existe dans tous les cas une relation directe entre la carte et le sujet ; mais les clés qui les relient sont volontairement absentes par l’intention de l’auteur, bien qu’elles puissent être obtenues par l’étude des autres œuvres de Lévi. »

Toutefois W. Wynn Westcott met en garde contre les correspondances entre les lames du tarot, les nombres et les lettres données par Lévi lui-même dans son Dogme et rituel de la Haute Magie, tout comme dans les écrits de Papus. Ajoutons que les correspondances avancées dans le cadre de la Golden Dawn sont souvent tout aussi erronées.

Le texte d’Eliphas Lévi n’en constitue pas moins un véritable traité initiatique destiné à poser un cadre et à donner une orientation pour la recherche. Chaque commentaire du Tarot d’Eliphas Lévi est largement annoté par Westcott.

Dès les premières pages, Eliphas Lévi délivre un enseignement :

« Un mot est la formule requise d’une pensée, un acte est une manifestation de la volonté. C’est pourquoi la prière est une nécessité, et peut obtenir tout ce qu’elle demande. Une prière est un acte parfait de la volonté, c’est un lien reliant les mots humains à la Volonté divine. Toutes les cérémonies, consécrations, ablutions et sacrifices sont des prières en action, et sont des formules symboliques ; et elles sont les prières les plus puissantes parce qu’elles sont des traductions du mot en action, montrant la volonté et la persistance, étant donné qu’elles exigent une attention plus contrainte que la prière silencieuse, ou la prière exprimée en mots ; et ainsi elles constituent un véritable travail, et un tel travail demande toute l’énergie d’un homme. »

Comme souvent dans l’hermétisme, l’écriture « à rebours » est à l’œuvre, Eliphas Lévi semblant à la fin réfuter tout son essai pour promouvoir un christianisme très formel.

 

Les Mystères de la Kabbale ou l’harmonie occulte des deux Testaments par Eliphas Lévi. Editions Amici Librorum.

 https://www.facebook.com/amici.librorum/?locale=fr_FR

Voici une très belle réimpression de l’édition de 1920 de ce classique de l’occultisme, un texte rédigé en 1861 par Eliphas Lévi à l’intention de son disciple le baron Spedalieri.

La première partie de l’ouvrage est consacrée à la Prophétie d’Ezéchiel dont l’importance est considérable à la fois sur le plan de la pratique théurgique et sur le plan métaphysique. Eliphas Lévi tente « une analyse et une explication kabbalistique de la prophétie ». Il commente le texte, ligne par ligne, en puisant dans la science des nombres et des lettres de la Kabbale mais aussi dans le symbolisme traditionnel. Les animaux sont envisagés comme hiéroglyphes à décrypter. Les dessins, très soignés, servent aussi bien l’analyse que la méditation. Le travail d’Eliphas Lévi permet d’appréhender le Temple de Salomon comme Temple de l’Homme accompli, soit comme Corps de Gloire.

La seconde partie est consacrée à l’Apocalypse de Jean, tout aussi puissant par son symbolisme. Il insiste particulièrement sur les sept églises, les sept sceaux, les sept trompettes et les sept coupes. La dimension alchimique interne, toujours dans le cadre d’une voie du Corps de Gloire, semble évidente pour Eliphas Lévi, à la croisée de la théologie chrétienne et de l’hermétisme.

Ce travail, mais d’autres également, démontre la volonté et la capacité de Lévi à chercher les structures derrière les formes pour identifier, déjà, un langage traditionnel libéré de la forme culturelle ou religieuse.

Le texte est tout aussi précis et profond que les dessins. Il demande une attention soutenue pour un voyage plusieurs fois répété dans les images vivantes qu’il suggère. Eliphas Lévi glissent des clés ici et là, indiquent les portes mais nous laisse les ouvrir.

Ce classique de la littérature occultiste mérite d’être sans cesse redécouvert. Il ne faut pas se contenter des commentaires afin d’aller chercher l’expérience profonde à laquelle le texte conduit.

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