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Un gnostique appelé Jean le Baptiste par G.R.S. Mead. Editions Amici Librorum.
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Cet ouvrage de George Robert Stow Mead (1863-1933), paru en 1924, soit il y a juste un siècle, reste d’actualité tant la recherche s’est peu intéressée au personnage historique de Jean le Baptiste. Comme le remarque le préfacier, il n’existe que trois ou quatre ouvrages en français sur le sujet des mandéens or, souligne-t-il, « Pour Flavius Josèphe, Jean a été exécuté à la mi-36 et Jésus vers 30-31 » contrairement à ce qu’affirme les Evangiles. Cette seule incohérence, il y en a d’autres, mériteraient que l’on se penche sur la personne, l’histoire, la fonction de ce personnage majeur du récit évangélique. Plusieurs hypothèses sont avancées dans le prolongement de l’excellent travail de G.R.S. Mead.
La volonté de G.R.S. Mead était, avec ce livre, de mettre à la disposition de ceux qui s’intéressaient aux premiers temps du christianisme, des matériaux alors peu connus. Il propose des « Extraits du Livre mandéen de Jean – Avec des études sur Jean et les origines chrétiennes, le récit de Josèphe en vieux slavon sur Jean et Jésus, et le prologue du quatrième Evangile ». Il s’agit, nous dit-il, « de rendre accessible aux lecteurs quelques exemples de récits et de doctrines issus d’une seule collection du matériel gnostique traditionnel que les scribes mandéens ont préservé jusqu’à nos jours à travers des siècles de copie, et qui transmet une littérature ancienne prétendant au moins en partie remonter à l’époque des origines chrétiennes. »
Les textes mandéens se caractérisent par un désintérêt de l’histoire pour se focaliser sur la dimension spirituelle ou imaginale. « Par conséquent, indique G.R.S. Mead, l’image mandéenne de Jean est le reflet des aspects prophétiques et intimes qu’elle présentait à ceux à l’intérieur de l’atmosphère mystique de la communauté et à la mémoire affectueuse d’une tradition ésotérique. »
Le dépôt traditionnel mandéen inclut nombre de mythèmes des traditions babyloniennes, chaldéennes et iraniennes qui vont en partie glisser dans le monde juif comme dans le monde chrétien. Le contexte prophétique et apocalyptique dans lequel s’inscrivait Jean oblige à repenser la symbolique utilisée, que cela soit celle du vêtement, entre autres, ou celle du baptême.
Le personnage de Jean qui apparaît dans la tradition mandéenne est celui d’un gnostique à l’influence certaine qui va à la fois soutenir le discours chrétien et s’y opposer selon les interprétations. Nous sommes aux origines du christianisme, bien avant que celui-ci ne soit « organisé », la complexité des échanges, des constructions, souvent éphémères, les polémiques théologiques multiples rendent très difficiles une compréhension des processus engagés. Toutefois, des constantes peuvent se dégager et des questionnements s’imposer qui remettent en cause nos certitudes. C’est tout l’intérêt de ce livre même si G.R.S. Mead, conscient des problématiques d’historicité, prend toutes les précautions nécessaires pour ne pas nous inviter à une quelconque conclusion mais nous inciter à ouvrir un chemin de recherches.
La lecture de ce livre modifie notre regard sur le christianisme « officiel ». S’ils restent à l’écart du christianisme comme du judaïsme, les mandéens sont les héritiers d’acteurs et de témoins de l’époque où vécurent Jean et Jésus. Leurs textes sacrés méritent d’être pris en compte, non seulement pour eux-mêmes mais dans un rapport comparatif avec les textes chrétiens canoniques ou apocryphes.