Intéresser les profanes, conserver les initiés ?

Intéresser les profanes, conserver les initiés ? par Magali Aimé. Collection Les outils maçonniques du XXI^e siècle. Editions Dervy, 19 rue Saint-Séverin, 75005 Paris, France.

http://www.dervy-medicis.fr/

A travers des enquêtes, des rencontres et des entretiens, Magali Aimé s’intéresse aux très nombreux membres de l’Ordre maçonnique qui décident un jour de le quitter, parfois peu de temps après leur entrée dans l’Ordre, parfois après un long parcours maçonnique.

En préalable se pose la question de ce qui a motivé leur démarche vers la Franc-maçonnerie. Les déclencheurs de cette démarche sont très divers, les représentations et les attentes également, ce qui multiplie les possibilités de déception.

« Peut-être cherchent-ils la liberté de penser, la facilité d’expression, suggère Magali Aimé. Une échappatoire à une vie trop routinière, un espace-temps privilégié. Quant à la spiritualité… un bien grand mot difficile à résumer surtout pour ceux qui tricotent ensemble spiritualité et religion, comme le ressent l’inconscient collectif. Certains viennent y chercher des amis, une sorte de famille, une reconnaissance et… un réseau. »

Être initié n’est pas si simple remarque-t-elle. L’engagement requis est souvent inattendu, la méthode maçonnique peut déconcerter, le temps maçonnique également, dans un monde de vitesse.

Parmi les nombreuses raisons d’un départ de l’Ordre maçonnique, Magali Aimé distingue « une trilogie particulière : contraintes, gestion pyramidale, coûts ».

Si certains changent d’obédience ou de rite pour renouveler leur intérêt et le sens de leur démarche, parfois avec succès, entrant dans une nouvelle dynamique, ils peuvent aussi retrouver les mêmes déficits, les mêmes carences. Le rapport au rituel, le rapport au symbole sera déterminant dans la construction de soi-même et la mise en œuvre d’une méthode initiatique éventuelle qui ne va pas de soi.

Afin de relever le défi d’un parcours maçonnique réussi, Magali Aimé relève quelques points importants : ne pas se laisser dévorer par la modernité, maintenir les principes traditionnels, réaffirmer le sacré, s’approprier le symbolisme, rechercher l’exemplarité, faire rayonner le travail transformateur en loge dans le monde profane…

Les témoignages recueillis pour cet ouvrage sont intéressants, parfois pour leur spontanéité, parfois, au contraire, pour leur maturation lente. Dans les deux cas, ils mettent sous la lumière les forces et les faiblesses d’un Ordre maçonnique pris dans un mouvement et une nécessité organisationnels qui finit par cannibaliser la démarche initiatique.