/image%2F0562708%2F20211110%2Fob_008754_couv-prince-des-canailles.jpg)
Le Prince des Canailles de Guy Boothby. Editions L’œil du Sphinx, 36-42 rue de la Villette, 75019 Paris – France.
La vie de l’écrivain Guy Boothby (1867-1905) est elle-même digne d’un roman. Né en Australie, sa vie se partagea entre Adélaïde et l’Angleterre. Il commença dès 1890 par l’écriture d’opérettes et d’opéras comiques et connut un certain succès dans les théâtres d’Adélaïde avant de repartir en Angleterre, chassé par la crise économique australienne de 1891. Il lui fallut trois années d’aventures pour rejoindre Londres, aventures qui constituèrent la matière de son premier livre. Puis, il enchaîna avec un premier roman à succès, In Strange Company.
Dans sa courte vie, il publia une cinquantaine de romans et recueils de nouvelles de littérature de genre. Il s’essaya aussi au fantastique et à l’anticipation.
Mais c’est avec le maléfique Dr Nikola qu’il connut un vrai succès populaire en cinq romans. Souvent, les intrigues tournent autour de la question de l’immortalité.
En France, c’est, encore une fois, Richard D. Nolane qui le sortit de l’oubli en publiant pour la première fois en français Docteur Nikola, Retour du Dr Nikola et Pharos l’Egyptien. Ce sont d’ailleurs ces mêmes romans qui, régulièrement réédités en anglais, empêchèrent Guy Boothby de sombrer définitivement dans l’oubli et lui permirent d’arriver jusqu’aux écrans.
Il créa, avant Arsène Lupin, le personnage de Simon Carne, proche de notre illustre Lupin par ses méthodes et ses objectifs. Ce sont ses aventures qui sont réunies dans ce volume. Avec Simon Carne, le banditisme est de grande ampleur et organisé selon des règles entrepreneuriales capitalistes. Ses méfaits s’inscrivent dans l’actualité de l’époque agitée que traverse l’Empire britannique, déjà jugé « en décadence ». Séduit par l’Orient, amateur d’art hindou, Simon Carne cherche à se venger des classes sociales aisées qui le rejettent. Il partage bien des penchants avec Lupin, mais en moins « gentleman » sans doute.
C’est toujours un plaisir de se plonger dans ce type d’écriture à mystères et de se laisser entraîner dans des aventures improbables.
« Lorsque Carne eut regagné son yacht, il avait pris sa décision. Il avait en outre conçu un plan dont l’audace le faisait presque frémir. Si seulement il parvenait à le mener à bien, se dit-il, ce serait en vérité le point d’orgue de tout ce qu’il avait accompli en Angleterre. De retour dans sa cabine, il laissa Belton le préparer pour la nuit presque sans mot dire. Ce fut seulement lorsque l’autre fut sur le point de s’en aller qu’il aborda la question qui le mobilisait tout entier.
- Belton, dit-il, j’ai ourdi le plan le plus fabuleux qui me soit jamais venu à l’esprit. Si Simon Carne doit dire adieu aux Anglais vendredi prochain, et si ce plan réussit, nous leur laisserons un legs qui les fera méditer un bout de temps après notre départ.
- Vous n’allez quand même pas tenter le diable, monsieur ? dit Belton inquiet. J’espérais pourtant que vous aviez écouté ce que je vous ai dit cette après-midi.
- Cela m’était tout simplement impossible, Belton. Vous manquez un peu d’ambition, j’en ai peur. »