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Le Diable dans les cathédrales de Jean-François Blondel. Editions Dervy, 19 rue Saint-Séverin, 75005 Paris, France.

http://www.dervy-medicis.fr/

« Le démon y aurait-il sa place ? » demande Jean-François Blondel. Il semble bien que oui si l’on en croit la statuaire ou les vitraux des cathédrales qui donnent une place importante au diable et sa cour, mais également aux traditions populaires qui font vivre le diable sur les chantiers des bâtisseurs.

Examiner la représentation du diable dans l’art permet de comprendre le rapport souvent très politique que la société et le pouvoir, notamment religieux, entretiennent avec cette figure du principe du Mal.

Dans la première partie de l’ouvrage, Jean-François Blondel présente le thème du Mal dans l’Antiquité puis les Ecritures avant d’aborder le diable dans l’art religieux au Moyen-Âge. Ce panoramique temporel permet d’envisager notre rapport à la dualité et aux oppositions, plus ou moins marquées selon les cultures traditionnelles.

Avec la cathédrale, « Bible en images », l’image du démon n’est pas uniforme, elle évolue selon les époques. Absent des premiers siècles chrétiens, c’est surtout à partir de l’an mil que le diable va pénétrer les imaginaires en même temps qu’une culpabilité accrue. Le savoir technique accumulé par les sculpteurs ou les vitraillistes va également accompagner cette évolution, les artistes cherchant une perfection de plus en plus grande.

L’art gothique se caractérise par une grande variété de représentations diaboliques générant notamment un bestiaire fantastique : dragon, serpent, basilic, griffon, crapaud, corbeau… dont certains membres ont une signification hermétiste qui prend tout son sens dans le cadre du grand-œuvre alchimique. Nous sommes ainsi confrontés à plusieurs niveaux d’interprétation ou à une herméneutique cachée. Se pose ainsi la question de la fonction des gargouilles, gardiennes de l’église, forces du Mal, ou tout autre chose ?

La quatrième partie aborde le thème du diable dans les légendes de chantier : l’aide du diable pour achever un chantier, « le vent du diable », « les serrures du diable » … Ces légendes sont interprétées différemment selon les traditions. Le regard compagnonnique se révèle indispensable afin de ne point s’égarer.

La dernière partie de l’ouvrage aborde la dimension hermétiste des représentations du diable dans les cathédrales mais aussi leur accroche avec les ponts. Jean-François Blondel cherche à distinguer, le diable et Lucifer, porteur de lumière et donc de connaissance, dans les représentations. Parfois les deux se confondent et c’est le contexte qui oriente.

« Chaque période de notre histoire, précise-t-il, chaque culture, a sa vision du diable. Au Moyen Âge où dominait la crainte du péché et de la chute a succédé une autre époque où l’on ne dédaigne pas de transgresser les interdits, d’aller au-delà du rêve. Une interprétation de la chute à travers le romantisme et la vision que ce siècle avait du Moyen Âge sont intéressants à signaler. »

Ce livre, très intéressant, nous en dit davantage sur nous-mêmes que sur le diable, toujours fuyant, sur nos confusions, nombreuses, et nos clairvoyances, rares.

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