
L’édition maçonnique de Jiri Pragman. Editions de l’auteur.
Jiri Pragman est connu pour son blog maçonnique hiram.be et pour ses travaux sur le renouveau de l’anti-maçonnisme ou les rapports entre la Franc-maçonnerie et internet. Avec ce nouveau livre, il cherche à dresser un tableau vivant de l’édition maçonnique.
En préambule, il pose le cadre de sa démarche :
« Certains prétendent que les Francs-maçons écrivent beaucoup mais lisent peu ! D’autres distinguent les bibliophages aux bibliothèques largement garnies, des lecteurs très occasionnels, ceux qui n’ouvrent un livre maçonnique que pour en tirer l’inspiration d’une planche.
Pourtant, parmi les médias maçonniques, le livre est, d’une part, le média le plus ancien et, d’autre part, certainement le plus sacralisé. N’organise-t-on pas des salons autour du livre maçonnique avec une mise en valeur d’auteurs vedettes ? Certains auteurs, décédés ou vivants, ne réalisent-ils pas des chiffres de vente étonnants ? »
Il y a donc un marché du livre maçonnique comme plus généralement du livre de spiritualité ou d’ésotérisme mais cela demeure une « niche » précise Jiri Pragman, une centaine d’auteurs et autant d’ouvrages en français publiés chaque année de qualité très inégale.
Jiri Pragman analyse d’abord le secteur du livre maçonnique en général, sa place et sa dynamique, toute relative avec les spécificités de l’humour maçonnique, de la BD maçonnique ou encore, plus confidentielle, de la poésie maçonnique.
Il cherche à établir des profils d’auteurs maçonniques et des catégories : anciens grands officiers, enseignants-chercheurs, historiens, journalistes, fonctionnaires… Il remarque que beaucoup commencent à écrire pendant leur retraite professionnelle et que la moyenne d’âge des auteurs maçonniques est plutôt élevée.
Une partie de l’ouvrage présente les modalités de l’édition maçonnique, depuis l’édition classique jusqu’à l’édition à compte d’auteur. Il met en évidence les difficultés de la relation entre les auteurs et les éditeurs. Si ces difficultés ne sont pas spécifiques à l’édition maçonnique, elles prennent une épaisseur particulière quand l’auteur et l’éditeur sont membres tous les deux de l’Ordre maçonnique. La question de l’émergence du livre numérique maçonnique est posée. Nous mesurons encore mal l’impact de cette technologie sur l’édition maçonnique future.
Jiri Pragman s’intéresse aussi à la promotion, souvent défaillante, et aux moyens pour le lecteur de découvrir les ouvrages ou de rencontrer les auteurs (blogs, sites, conférences, salons…).
Jiri Pragman table sur une augmentation de la production en auto-édition ou micro-édition rendant plus nécessaire, le rôle des critiques. Il pense que la facilité d’édition devrait favoriser les rééditions de textes anciens mais aussi d’histoires maçonniques plus locales. Par contre, il prévoit la poursuite de la disparition des librairies maçonniques ou des librairies spécialisées en général.
Le secteur est dynamique mais peut-être faussement dynamique. En effet, la multiplication des productions maçonniques va de pair avec la fatigue du mouvement maçonnique qui peine à se renouveler et à convaincre les nouvelles générations dans un pays comme la France.
Ce travail inaugure une observation à poursuivre afin de mieux comprendre la place présente et future de l’Ordre maçonnique dans la société et son influence sur la culture.