
Aux sources de l’Ecossisme, le premier Tuileur illustré (XVIIIe siècle) de Dominique Jardin. Editions Dervy, 19 rue Saint-Séverin, 75005 Paris, France.
Cette publication est remarquable. Dominique Jardin, agrégé et Docteur en histoire, auteurs de nombreux travaux, met pour la première fois à notre disposition le plus ancien tuileur maçonnique manuscrit, ce qu’il désigne comme un proto-tuileur :
« Le manuscrit étudié est sans doute le premier tuileur de l’histoire maçonnique. Ce proto-tuileur est extrêmement rare puisque très haut en époque pour ce type de document manuscrit, très complet par le nombre de grades traités et très illustré puisque chaque grade est accompagné de l’iconographie du tableau et du bijou correspondants. De plus, contrairement aux manuscrits de la BnF qui en sont la source, son iconographie est complètement aquarellée. Tous les mots et mots de passe y figurent également en alphabet maçonnique, ainsi que les différents signes et attouchements. C’est-à-dire que nous avons affaire ici au « nucléus fondamental » de la maçonnerie et à un formidable outil initiatique. »
C’est non seulement un tuileur, sans doute le premier, mais c’est une œuvre d’art qui nous est proposée. Le manuscrit de la Maison des Maçons, de la Bibliothèque de la GLNF, Précis des huit premiers grades ornés de discours et d’histoires allégoriques relatifs au respectable ordre de la franc-maçonnerie, comporte quatre-vingt planches hors texte en couleur, de qualité, quand la plupart des tuileurs anciens proposent des illustrations en noir et blanc. Les grades, pour la plupart, feront partie du futur REAA mais certains correspondent aux grades du système du baron de Tschoudy. Par ailleurs, les textes permettent de préciser la nature des planches. Ce document est complété notamment par les planches de la Bibliothèque André Doré du Grand Collège des Rites Ecossais du Grand Orient de France.
L’ensemble iconographique commenté constitue une matière de grande valeur pour la réflexion initiatique et l’exploration des grades. Il permet aussi d’envisager la mise en œuvre de grades inconnus ou encore considérés comme intermédiaires. Le foisonnement de grades et de rituels démontre, en ce XVIIIème siècle si surprenant, que le rituel est vivant, et non figé par quelque décret, construit et reconstruit à partir de matériaux divers, religieux ou mythiques. Repartir de l’iconographie, plutôt que de commentaires secondaires permet de reconquérir le sens et d’approcher peut-être le projet initiatique initial.
Le travail considérable de l’auteur, Dominique Jardin, doit être salué à sa juste valeur. C’est tout simplement exceptionnel.