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Paroles de Sarana choisies par Prabhushankar, Editions Âgamât.

Au XIIème siècle, une vaste rénovation du shivaïsme, considéré décadent, est entreprise par une personnalité influente du Karnataka, Basaveśvara. Une nouvelle école va naître de cet effort de rectification éthique, le Viraśaivisme, appelé encore religion Lingayat.

L’éthique viraśaiviste se construit autour d’un fort idéal de beauté, d’harmonie, de bonté et de vérité. C’est un courant fortement dévotionnel, adorateur du lingam, qui est marqué par un rejet du système de castes, un souci d’équilibre social, une distance face à l’ancien ritualisme. Démarche très inclusive, le Viraśaivisme vise à éteindre les désirs par un Śiva-yoga unifiant, tout en reconnaissant le corps comme une « grâce » de Shiva et le travail, ou l’accomplissement des devoirs comme une réalisation.

Cette école, à laquelle se rattache la sainte Akka Mahadevi, a laissé des « paroles », à la fois poétiques et opératives, dialogues entre dieu et son dévot,  en langue kannada, l’une des anciennes langues dravidiennes. Ces paroles devinrent très populaires en Inde.

Ce livre rassemble cent et une perles, choisies avec soin par Prabhushankar et traduites pour la première fois en français par l’indianiste Vasundhara Filliozat.

 

« La connaissance de soi est le guru,

la conduite est le disciple,

la connaissance est le linga,

l’aboutissement est l’ascèse,

la tranquillité de l’âme est le yoga ;

Mahalinga Kalleśvara rit de celui

qui devient chauve sans connaître cela. »

 

« Si vous parlez, il faut que ce soit comme un collier de perles ;

si vous parlez, il faut que ce soit comme l’éclat d’un rubis ;

si vous parlez, il faut que ce soit comme un bâton de cristal ;

si vous parlez le linga, avec plaisir, doit dire : « Oui, oui ».

Si la conduite n’est pas en conformité avec les paroles

cela plaira-t-il au Dieu Kudala Sangama ? »

 

Pensées, paroles, gestes, participent d’une ascèse de l’instant-même sans concession. C’est le quotidien qui fait voie, et matière de l’éveil. L’offrande est la congruence de la vie quotidienne. Il y a une totale responsabilisation du disciple pour qui tout naît de Shiva et retourne en Shiva, l’Absolu. Ici la parole devient « linga lumineux ».

 

« Moi, le batelier sans corps je suis venu,

près d’une rivière sans rive et sans profondeur

si vous me payez comme tarif votre esprit tenant et lâchant,

je vous ferai traverser la grande rivière,

et vous déposerai dans une ville sans parole et sans borne,

dit Ambigara Caudayya (des bateliers). »


Ces paroles profondes sont accompagnées d’un exposé dense qui permet au lecteur de comprendre les particularités métaphysiques et spirituelles du Viraśaivisme, voyage vers le non-duel.

 

« Quand il n’y avait ni début ni non-début,

ni Vacuité ni Grande Vacuité,

ni possibilité ni non-possibilité,

ni forme ni non-forme,

ni grossier ni subtil,

ni figure ni non-figure,

la parole n’était pas encore née,

les dualité et non-dualité n’était pas,

n’étaient pas là les chefs des gana nommés

Śankara, Śaśidhara, Iśvara,

activité et non-activité n’étaient pas,

pas encore le mariage d’Uma,

Ô Kalidevayya, Tu étais là sans son. »

 

Editions Âgamât, 45 allée de la Tramontane, 83700 St Raphaël, France.

http://www.agamat.fr/

Tag(s) : #Eveil
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