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André Moreau

 

Crois-tu donc que tu vis ? par André Moreau, Editions L’Originel-Charles Antoni.

         Il faut saluer l’initiative de cet éditeur qui publie pour la première fois en France un penseur exceptionnel, décalé, attachant et profond, dont nous vous avons déjà entretenu.

         André Moreau est le fondateur du « Jovialisme », une philosophie résolument orientée vers le bonheur, non par quelque aveuglement, une froide lucidité apparaît dans le regard qu’il porte sur le monde, mais parce que la joie est une sagesse particulière.

         Marginalisé, il a su se faire connaître par les chemins buissonniers, d’abord au Québec, sa terre d’origine, mais aussi en France où il vient donner conférences et entretiens. S’il a obtenu son doctorat à la Sorbonne, sous la direction de Paul Ricoeur, l’Université, une fois de plus, n’a pas su accueillir cette pensée imprévisible, pertinente, libre, se jouant des conventions. Ce « chasseur d’évidences sauvages » est un homme précieux. Il ne se veut ni éveillé, ni éveilleur, ni gourou ni homme de pouvoir, mais un penseur véritable, rare à notre époque surconditionnée, un jouisseur pleinement conscient, un métaphysicien qui interroge pour aider chacun à se rapprocher de lui-même, dans cette intimité joyeuse de l’être.

         André Moreau a publié une cinquantaine d’ouvrages, dans des conditions difficiles, dont une Bible érotique recherchée. Mais si l’auteur est à découvrir, c’est peut-être l’orateur qui est le plus étonnant. Dans un style inimitable, sachant choquer pour libérer la pensée, il conduit l’auditeur dans des contrées insoupçonnées qui donnent cependant du sens à l’expérience quotidienne.

         Ce livre, largement autobiographique, relève d’ailleurs plus de l’oralité que de l’écrit. André Moreau s’adresse au lecteur comme pour une longue discussion à la terrasse d’un café : la langue est vive et sans tabou, les digressions nombreuses, la profondeur s’allie à une certaine convivialité. Celle-ci n’exclut pas la gravité. Ça rit, ça pense !

         « Je ressens pour la société dans laquelle nous vivons une urgence impérieuse de métaphysique. On ne peut indéfiniment occuper son esprit à parler du vieillissement de la population, de la dénatalité, du réchauffement atmosphérique, de la pollution et de l’extinction des espèces sans que la société se trouve mise en danger par ces préoccupations qui évoquent toutes la fin du monde. Si l’on ajoute aux nouvelles pessimistes dont nous bombardent constamment les médias le fait que la culture générale est en plein déclin, et que les ordinateurs mécanisent à outrance le travail, les loisirs, les voyages, l’éducation, les soins hospitaliers, on ne peut que constater que c’est la civilisation qui est malade et pas seulement la nature. (…)

         Je ne suggère pas ici de revenir aux travaux des champs avec les boeufs et les charrues, je parle de l’être qui fait défaut à notre civilisation. Beaucoup de spiritualistes se raccrochent encore à l’âme. Mais c’est une notion désuète. Je ne suis pas d’accord avec eux. Je préfère parler de conscience. Mais j’aurais préféré que quelques irréductibles comme Frédéric Nef se raccrochent à l’être. Mais nous sommes trop peu nombreux à réclamer une supervision de l’être sur la société. L’activité humaine n’est plus que mensonge, rafistolage, faux-semblant, abstraction technique et tripotage de neurones. Je suis de ceux qui croient encore à l’être, à l’absolu, à la pensée pure. Mon titre : « Faire de la métaphysique ou mourir » n’est pas en vain. Sans un retour à l’être et à l’absolu, nous pouvons dire adieu au fondamental et abandonner cette question « désuète » aux musulmans qui, tout menaçants qu’ils soient, n’en demeurent pas moins les gardiens du fondamental. Bien sûr, nous voyons en eux une bande de terroristes, alors qu’en réalité ils constituent les derniers purs qui résistent à l’envahissement des sciences, de la technologie et du matérialisme. J’ai eu raison de penser, il y a 40 ans, que le Jovialisme ne pourrait se développer que chez eux, car comment vivre, comment respirer, sans l’être et les transcendantaux, sans une réflexion sur les existentiaux, les pronominaux et les immatériaux ?

         Le temps est venu de refaire nos classes, de faire l’éloge de la profondeur, de refuser l’utilitarisme de cette société de carton-pâte qui transforme l’homme en machine, pour renouer avec le sens de la profondeur et congédier la superficialité technicienne. »

         A déguster…

Editions L’Originel-Charles Antoni, 25 rue Saulnier, 75009 Paris.

Tag(s) : #Philosophie
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