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Marie-Madeleine ou la quête de l’âme de Christian Doumergue. Editions le Courrier du Livre, 27 rue des rands Augustins, 75006 Paris.

www.editions-tredaniel.com/

Les femmes qui tenaient un rôle prépondérant dans l’entourage de Jésus furent écartées de la narration très paulinienne mise en place par l’Eglise romaine. Pas à pas, la recherche historique et archéologique remet en avant la fonction essentielle des femmes dans la naissance et la nature de ce qui deviendra le christianisme. Parmi elles, Marie-Madeleine, « Apôtre des Apôtres » tient une place centrale.

Christian Doumergue, diplômé en histoire des arts, en archéologie et en littérature, cherche avec ce livre à rétablir Marie-Madeleine à la place qui fut la sienne et à restaurer la fonction sacrée féminine niée par l’Eglise. Christian Doumergue parle de véritable « crime mémoriel ». L’enquête qu’il mène à travers les textes montre en effet que l’effacement de Marie-Madeleine est volontaire et quasi-systématique dans les textes « officiels » des premiers siècles chrétiens.

Il commence son enquête à Magdala pour retrouver des traces de cette grande figure.

« Peu à peu, une image, un portrait se dessinent. Un fantôme renaît du néant. Celui d’une femme née à Magdala, de haute condition sociale, noble, et au sujet de laquelle quelques autres indices montrent qu’elle était juive, mais de culture grecque. Une appartenance qui pourrait bien expliquer certains traits de son caractère. Et peut-être, même, nous permettre de comprendre l’effacement dont elle fut, plus tard, la victime. »

L’appartenance de Marie-Madeleine à la communauté juive hellénisée est importante pour comprendre son statut plein de disciple de Jésus, statut que nous retrouvons notamment dans certains écrits apocryphes.

Plusieurs facteurs vont concourir au rejet dans l’oubli de Marie-Madeleine. Nous retrouvons tout d’abord le rejet traditionnel des femmes libres par les hommes, dans une culture misogyne, mais cela ne suffit pas à expliquer un tel « gommage ». Christian Doumergue va chercher des raisons supplémentaires dans les divisions entre les premières communautés chrétiennes, peut-être articulées autour d’un enseignement secret de Jésus transmis par Marie-Madeleine, enseignement gnostique qui aurait suscité de violents rejets, notamment de Pierre et ses disciples.

Christian Doumergue analyse longuement l’épisode des sept démons dont aurait été guérie Marie-Madeleine par Jésus et propose une interprétation initiatique gnostique qui rétablit Marie-Madeleine dans sa fonction spirituelle. Elle est devenue « l’égale du Maître », un autre Christ.

Bien d’autres aspects de Marie-Madeleine et de ces christianismes des premiers temps, jugés hérétiques plus tard, sont abordés dans ce livre passionnant qui nous conduit jusqu’à la Sainte-Baume et aux bûchers édifiés contre les cathares.

La figure de Marie-Madeleine a pris bien des visages au fil des temps, de son instrumentalisation à son érotisation. Malgré les travestissements, apparaît une figure de liberté spirituelle qui évoque une voie vers la non-dualité, une voie d’éveil inscrite au cœur de l’enseignement de Jésus.

Christian Doumergue conclut cette enquête minutieuse, ce bel essai, par ces mots :

« Deux mille ans après avoir foulé de ses pieds de chair le sol de cette Terre – grain perdu dans l’infinité de l’Univers –, Marie-Madeleine nous invite à nous faire, humblement, disciples de Jésus. A entendre enfin ce qu’il est venu dire à l’humanité. Pour qui cherche la paix intérieure et la plus sûre voie pour s’élever, tout est dit dans l’enseignement de Jésus conservé dans les Evangiles. C’est cet enseignement qui fit de Marie-Madeleine… Marie-Madeleine. Et qui pourra rendre à l’humanité son « paradis perdu ». »

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