Les Editions Almora lancent une nouvelle collection intitulée Spiritualités pratiques, série de petits livres « pour une spiritualité vivante, moderne, laïque, à mettre en pratique ici et maintenant ».
Deux auteurs inaugurent cette collection, Erik Sablé et José Le Roy.
Les 7 clés de la méditation par Erik Sablé, Editions Almora.
La méditation entre progressivement dans le quotidien des occidentaux, tantôt dans un cadre traditionnel, tantôt comme une hygiène de vie dont les bienfaits sur la santé sont attestés désormais par des études scientifiques. Cependant, Erik Sablé met en garde contre un certain d’idées fausses courantes.
« La méditation n’est pas une science » insiste Erik Sablé. Elle n’est pas une « histoire de neurones », « la conscience est indépendante de la matière cérébrale ».
« La méditation n’est pas non plus une forme de thérapeutique » poursuit-il, « la méditation ne vise pas à ce que notre personnalité devienne plus performante, mais au contraire à la mettre « entre parenthèses » pour que le méditant perçoive son caractère illusoire. Finalement, elle s’efface et seul demeure l’état de Présence ».
« Le but de la méditation n’est pas de changer, de s’améliorer, de devenir meilleur. D’ailleurs la méditation a-t-elle un but ? Pour les doctrines orientales, ce prodigieux déploiement des formes de l’univers n’a pas d’objectif, pas de signification ; il est le jeu de la divinité. La méditation n’a pas d’autre fonction que celle de nous unifier avec ce mouvement sans commencement ni fin de la Vie Une.»
La méditation n’est pas faite pour tous. Erik Sablé insiste que le fait que la méditation n’a jamais été pratiquée que par une minorité qui ressentait fortement une aspiration mystérieuse à l’intime. Il met en garde contre toute forme de prosélytisme, même bienveillant.
Les sept clés proposées dans l’ouvrage relèvent d’une progression traditionnelle classique. La première clé proposée est la sagesse. La pratique de la méditation hors d’une sagesse est vouée à l’échec. Par sagesse, il faut ici entendre « une prise de conscience qui nous permet d’avoir une certaine distance avec notre existence, de ne plus être autant absorbés par nos problèmes, nos ambitions, nos désirs ».
La deuxième clé consiste à s’ouvrir au souffle et au corps, de quitter les processus mentaux pour se diriger vers une toute sensorialité, l’attention au souffle étant centrale dans ce mouvement.
La troisième clé réside dans la compréhension des mécanismes du mental, apprendre à « voir » jusqu’à ce que flux mental envahissant soit reconnu, compris et mis naturellement à distance.
La quatrième clé est la concentration. Erik Sablé rappelle les deux grandes approches de la méditation, celle qui s’appuie sur la volonté, celle qui prône le non-effort et invite le lecteur à dépasser cette opposition apparente.
La cinquième clé est l’attention. « Être attentif à la racine de l’illusion », « se tourner vers le point de naissance de la pensée ».
La sixième clé est la présence, qui ne relève pas d’un processus mais d’un abandon. La présence est très liée à la question de la conscience, de la conscience-origine, du Soi.
La septième clé est la joie et la sérénité. Erik Sablé évoque la dilatation de l’être : « la dilatation, l’élargissement de la conscience sont toujours associés à la joie et la plénitude ».
Ce petit livre fort riche intéressera tant le débutant que le pratiquant chevronné qui pourra y trouver le détail qui change tout.
Petit traité de la connaissance de soi de José Le Roy, collection Spiritualités pratiques, Editions Almora.
« Qui suis-je ? », « Que suis-je ? ». José Le Roy, professeur de philosophie, sanskritiste, explore ces deux questions pour présenter les concepts essentiels de la pensée philosophique et de la spiritualité occidentales et orientales. D’emblée, il précise que la connaissance de soi ne relève pas de la psychologie qui ne considère que le moi empirique, oubliant l’essence de l’être.
Il relève trois raisons de s’engager dans la connaissance de soi. C’est d’abord un chemin vers la sagesse. C’est une source de curiosité et d’étonnement. Enfin, « les grandes philosophies du passé et les spiritualités authentiques nous apprennent qu’au cœur de nous-mêmes, en notre centre le plus intime, vit, demeure un trésor sans prix : la source du monde, l’Absolu ».
Pourquoi semble-t-il difficile de se connaître ? Comment se connaître dans l’advaita vedanta indien ? Suffit-il de lire sa carte d’identité pour se connaître ? Suffit-il de se regarder dans le miroir pour se connaître ? La connaissance de soi est-elle une connaissance morale ? Suis-je mes pensées ? Suis-je ce dont je me souviens ? Qu’est-ce que je suis ? Soi ou non-soi ? Que veut dire se connaître ? A chacune de ces questions, José Le Roy répond par un approfondissement qui change le rapport entretenu à l’objet, à l’expérience et finalement au sujet. Il écarte les identifications, les croyances, les conditionnements jusqu’à ce qu’il ne reste rien de la question.
« Pour chercher le Soi, qui est la subjectivité, nous allons procéder par réfutation en reconnaissant ce que le Soi n’est pas, c’est-à-dire en éliminant tout ce qui peut être objet pour la conscience. Ce chemin va nous mener des apparences à l’essence, des images à la réalité, des objets auxquels le sujet est identifié à ce qu’il est vraiment. Nous nous sommes identifiés à des images de nous-mêmes, à des apparences que, tel Narcisse, nous aimons et cet amour nous empêche d’avoir sur nous-mêmes le regard clair qui nous permettrait de nous voir enfin. Aucune image n’est nous-mêmes. Elles ne sont que des objets à la périphérie éloignée du centre, du vrai « Je ».
Se démasquer pour se rendre libre des masques sociaux et des représentations, reconnaître que nous ne sommes ni ce corps, ni ce visage, être témoin des pensées comme des souvenirs, prendre conscience que nous existons au-delà des pensées, conduisent à la paix et à la liberté.
Il s’agit d’un cheminement vers la présence ici et maintenant, vers le sans-âge, le non-temps, là où nous saisissons notre véritable nature, conscience pure, non-duelle, le « je suis ».
José Le Roy cherche à approcher cette expérience unique que chaque tradition exprime à sa manière. : « les noms changent, mais pas la réalité qui est au-delà de tout nom, ineffable ».
Editions Almora, 51 rue Orfila, 75020 Paris, France.