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Du 17 mai au 6 octobre 2024, le château de Tours accueille une magnifique exposition et un travail exceptionnel conduits par le photographe Georges Pacheco et Estelle Granet, auteur, intitulée simplement Mānouches. Un livre tout aussi superbe et passionnant que l’exposition, publié aux Editions Images Plurielles, rend compte de ce projet qui a demandé quatre années de travail.

https://www.tours.fr/actualites/exposition-manouches-au-chateau-de-tours/

Georges Pacheco et Estelle Granet ont recherché les descendants d’une grande famille de voyageur du Centre et de l’Ouest de la France, Didi et Canette, soit Emile Duville et Eugénie Canette Gaisne, son épouse, nés tous les deux à la fin du XIXe siècle. L’arbre généalogique remonte à la fin du XVIIIe siècle.

Les portraits des descendants de Didi et Canette sont magnifiques, de facture classique, et mettent en évidence la grande beauté des sujets, enfants, adultes, vieillards, une beauté inscrite de manière puissante dans les regards.

Mais les auteurs ne se sont pas contentés de rendre aux Manouches une dignité qu’ils n’ont jamais perdue mais que nous refusons de leur reconnaître, ils ont mené une véritable enquête historique et ethnographique pour restituer leurs parcours, semés d’embûches, au fil des décennies.

A travers la saga familiale, c’est l’histoire d’un peuple, ses coutumes, ses sagesses, ses croyances, ses savoirs qui sont mis en évidence et la complexité des relations tant avec les administrations françaises qu’avec les gadjos. C’est toute une culture très nuancée de la liberté, pleine d’intelligence, en évolution constante, souvent sous la contrainte, qui est mise sous nos yeux.

La transmission, la relation au cheval, l’importance de l’osier, les spiritualités, les traditions de soin, la résistance à la sédentarisation et aux discriminations, l’itinérance sont quelques-uns des sujets abordés.

C’est aussi toute la question de la transmission traditionnelle, du mode de vie, de la tension avec la modernité qui est posée. Levy, un jeune manouche plein de sagesse et de distance malgré sa jeunesse répond à la question :

« Les anciens disent parfois que c’était mieux avant. C’est ce que tu penses aussi ?

Je sais pas trop. Maintenant, les jeunes veulent aller voir plus loin, ils veulent apprendre, ils veulent savoir trop de choses mais des choses qui vont pas leur être utiles. Ça va pas leur être utile s’ils veulent garder… des origines. Ça va être perdu tout ça, ça v être perdu… C’est bête de dire des choses comme ça, parce que les gamins qui apprennent pas, qui restent illettrés, c’est pas vraiment bon. Mais il y a d’autres choses qui se perdent. Quand ils apprennent d’un côté, de l’autre côté, c’est… Il y a vraiment une perte de racines, d’origine… »

 

 

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