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L’été 1735. Aux origines de la Grande Loge de France de Michel König. Editions Cépaduès, 111 rue Nicolas Vauquelin, 31100 Toulouse.

www.cepadues.com

Michel König a fait le choix du roman historique, sous la forme d’une uchronie, pour nous plonger, avec talent, dans les temps de l’apparition de la Franc-maçonnerie en France. Il parle d’une « uchronie d’interpolation » qu’il distingue de la pure fiction.

« L’apparition de la Franc-maçonnerie en France dans la première moitié du 18e siècle, à la suite de la fondation anglaise, a déjà fait l’objet de beaucoup de légendes et de tentatives d’interpolation similaires parce que la rare documentation historique ne permet pas d’établir de chronologie précise, ce qui est hélas ! la contrepartie du caractère volontairement discret de la Franc-maçonnerie.

Ce récit est une nouvelle tentative d’interpolation. Les personnages et les situations sont réels et sont la conséquence ou le préquel de faits connus et avérés antérieurement ou ultérieurement. Mais son déroulé est quelque peu différent de celui qu’on a l’habitude de lire dans les livres sur l’histoire de la Franc-maçonnerie. »

Roger Dachez, dans la préface, rappelle tout l’intérêt et aussi les limites de la recherche historique. Il plébiscite la démarche de Michel König par ces mots :

« Ici tout est vrai – les personnages, les dates, les lieux, le contexte – mais ce que l’historien est dans l’incapacité de « sourcer », le romancier vient à sa rescousse pour y pourvoir. Il en résulte un texte d’un genre hybride, un peu surréaliste, d’une vérité plus incarnée que celle de l’histoire classique, en quelque sorte : une création raisonnable, ce que j’ai appelé ailleurs le « roman vrai » de la Franc-maçonnerie. »

La mise en scène permet au lecteur de visualiser et de se visualiser au cœur de l’événement, créant ainsi une expérience qui livre ses propres éléments. Tous ceux qui ont fait du théâtre savent que la mise en scène fait tomber une part des interprétations savantes des textes. L’exercice n’est donc pas gratuit. C’est aussi une contribution à l’histoire.

Dans son avant-propos, Michel König prend le temps d’exposer les principes de l’uchronie et les rapports entre pensée rationnelle et pensée magique, à travers la fonction du langage, tantôt piège, tantôt révélateur. Puis, il nous entraîne à Aubigny, en 1735…

En fin d’ouvrage, nous trouvons les appuis historiques qui structurent le texte : portraits des personnages, dont Louise de Keroualle, centrale dans cette affaire, événements majeurs ou mineurs, quelques documents.

Il faut sans doute insister sur le plaisir du lecteur qui voit défiler devant lui des images vivantes :

« Le carrosse du Duc de Richmond venait de quitter le relais de Beaugency et s’était engagé sur la route qui conduisait à Amboise. La proximité de la Loire, qui par moment se voyait en contrebas de la route par les fenêtres de gauche, rafraîchissait l’atmosphère caniculaire de ce 30 juillet 1735. La route pavée, bien entretenue, permettait au carrosse du Duc, tiré par quatre forts chevaux frais, d’abattre ses 4 lieues à l’heure, bien que ralenti par la circulation de carrosses et de charrois assez dense sur cet itinéraire qui allait d’Orléans à Tours. Mais les armoiries du Duc figurant sur les portières et la couronne Ducale qui en ornait le toit, ainsi que l’escorte montée qui l’accompagnait, lui ouvraient sans difficulté le passage. »

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