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Le désir et l’éveil. L’aventure du néo-tantra de Gilles Rosner. Editions Almora, 19 rue Saint-Séverin, 75005 Paris, France.

www.editions-tredaniel.com/

Avec cet essai, Gilles Rosner, bon connaisseur du shivaïsme non dualiste cachemirien, veut comprendre la genèse et les multiples expressions de ce que l’on désigne, plus ou moins justement, comme néo-tantra. Généralement, le néo-tantra suscite deux types de position, un rejet sans nuance par les traditionnalistes et une adhésion sans plus de nuance des adeptes. Entre ces deux positions radicales, il est possible de rechercher la nature d’un mouvement d’une grande complexité. Quoi que nous puissions en penser, le néo-tantra fait désormais partie du paysage spirituel et culturel, ou de la nébuleuse New Age, et suscite des études, par exemple dans le cadre du CESNUR de Massimo Introvigne.

Le néo-tantra, nous dit Gilles Rosner est « un de ces objets métaculturels qui peuplent désormais nos sociétés en mutation, mais en plus vivant. Objet hybride puisant dans les brumes médiévales du Cachemire, le néo-tantra est une dinguerie. Du tantrisme « canal historique », pourrait-on dire, il n’a bien sûr conservé que le parfum : une somme de gestes, de lieux et de moments diffus. Une nostalgie. Ce n’est ni une école de pensée ni un courant sectaire ; c’est une tribu ouverte et un peu foutraque où les élans du cœur se mêlent aux ébats des corps. Un cabaret spirituel où l’on combine gaillardement danse intuitive et philosophie non dualiste. »

Mais ce cabaret, démontre-t-il, est loin d’être sans intérêt. Le néo-tantra, véritable laboratoire d’expériences mérite d’être considéré sans préjugés.

Gilles Rosner commence par rappeler ce que sont le shivaïsme non dualiste du Cachemire et le tantrisme et leur fort rayonnement. Parmi les grands passeurs du tantrisme, souvent parcellaire, vers l’Occident, il évoque Carl G. Jung, Mircea Eliade, Wilhelm Reich, John Woodroffe, Lilian Silburn, Sanderson, certains indianistes, d’autres non. La rencontre de ces traditions avec la contre-culture américaine des années 60, la venue en Occident de maîtres indiens à l’origine du néo-hindouisme de l’Ouest, ont largement redessiné le paysage de la spiritualité en Occident avec, d’ailleurs, des effets de retour en Orient, paysage qui présente une dynamique, une structure fluide, un vocabulaire, une communauté finalement, aux contours incertains.

Les acteurs du néo-tantra nous sont connus. Gilles Rosner en présente six : Margot Anand et le SkyDancing Tantra, Eric Baret, David Dubois, le Nava-Tantra d’Yves-Marie L’Hour, le « tantra diamant » de Dominique Lussan, Daniel Odier. Il y en a bien d’autres. Le panorama est riche de singularités, d’inventions, d’explorations, parfois hasardeuses, d’où l’idée très avisée du laboratoire.

Le déconditionnement, la saisie du jeu de l’énergie et de la conscience sont quelques-uns des objectifs poursuivis par le néo-tantra mais dans le cadre d’une vulgarisation parfois fort éloignée du cadre traditionnel cachemirien. Gilles Rosner évoque « un grand barnum spirituel », parle de postures et d’impostures.

Dans cet essai, nous trouvons un équilibre intéressant entre rappel à la tradition et prise en compte du néo-tantra comme objet culturel porteur de valeurs de changement, tant individuel que sociétal.

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