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Collision avec l’infini par Suzanne Segal. Editions Almora, 19 rue Saint-Séverin, 75005 Paris, France.
Suzanne Segal (1955-1997) a connu en 1982, lors d’un séjour parisien, une expérience d’éveil qui a bouleversé sa vie. Rien ne l’avait préparé à cette expérience et, en l’absence d’accompagnement traditionnel, cela engendra dans sa vie bien des difficultés.
L’unique livre, autobiographique, qu’elle a rédigé est le témoignage d’« une vie au-delà du moi ». Cet éveil, elle le décrit comme « l’anéantissement total et irrévocable de mon identité personnelle ». « L’expérience du non-soi entraîne la cessation de l’histoire personnelle, éliminant à jamais la « personne » à laquelle ces événements se rapportent. L’histoire ne reste qu’une histoire, un récit sans auteur, des événements sans signification personnelle ; elle n’appartient plus ou ne se réfère plus à un « moi ». »
Il faudra une dizaine d’années à Suzanne Segal pour intégrer cette expérience. Elle raconte sa vie avant cette « collision avec le vide » et après. Cet après fut constitué d’errances, de lectures de textes traditionnels, de rencontres inutiles de thérapeutes jusqu’à sa rencontre avec Jean Klein qui met le doigt exactement sur la racine de ses difficultés.
« Après ma rencontre avec Jean, dit-elle, j’ai commencé à contacter d’autres enseignants spirituels dont les livres ou les articles faisaient mention du vide du moi personnel. J’ai écrit à une poignée d’enseignants bouddhistes et hindous parmi les plus connus, en leur décrivant mon expérience en détail, et en leur demandant leurs commentaires. De tous, j’ai reçu des lettres merveilleuses et intéressantes, pleines d’éloges et d’enthousiasme. Chacun à sa manière m’a fait comprendre que ce qui s’était passé était merveilleux. Chaque lettre confirmait que l’expérience était la réalisation de la véritable nature de toute la création. »
Avant d’accepter de vivre avec l’immensité, de converser avec elle, L’état dans lequel était plongée Suzanne Segal était sans joie. Il lui fallut longtemps pour découvrir les saveurs de l’immensité.
« L’immensité porte le désir non personnel de faire l’expérience d’elle-même. Cela semble être le but de la vie humaine : que l’immensité se rencontre partout où elle se tourne. Le concept de croissance personnelle ou de développement intérieur est en tout point contraire à la façon dont l’immensité existe. La quête de l’éveil implique un sens de l’avenir qui empêche de se prélasser dans ce qui est réellement là maintenant. »
Le témoignage de Suzanne Segal illustre la difficulté à intégrer l’expérience non-duelle au sein de la dualité, plus encore dans une culture occidentale dans laquelle l’analyse est devenue un tic paroxystique, initiant et entretenant la souffrance. Ce livre peut aider à comprendre la singularité de l’éveil à sa propre nature, chaque fois original et dessinant un chemin unique.