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Le serpent et l’œuf cosmique. Matières à penser n° 23/24. Editions Cosmogone 6, rue Salomon Reinach, 69007 Lyon.
Ce superbe numéro double est consacré aux mythèmes du serpent et de l’œuf qui se trouvent au cœur de la plupart des traditions aussi bien dans leurs cosmogonies, leurs métaphysiques, que dans leurs mises en œuvre concrètes des opérativités, pensons entre autres au courant osirien de l’Ecole de Naples.
Sommaire : Méditation nervalienne sur l’éternel retour par Guillaume Dreidemie – La vouivre, un symbole universel de Robert Régor Mougeot – L’œuf primordial, le serpent de François Brin – Serpents et vouivres dans l’art roman de Joseph Caccamo – La dualité du serpent par Nadine Auzas-Mille – Le caducée d’Hermès, deux serpents qui manifestent les paradoxes du monde de Didier Lafargue – Serpents, dragons et crocodiles dans la tradition de sagesse de Philippe Heckmann – Du serpent biblique au serpent gnostique de Pierre Pelle le Croisa – Autour du serpent par Hocine Atrous – Les nagas, protecteurs ou destructeurs ? par Jean-Claude Emeriau – L’oeuf du monde de Claude Valsardieu – Hiranyagarbha, du rien émana l’oeuf d’or par Philippe Heckmann – Ab ovo - de l’œuf - au début de toute chose - à l’origine du monde... de Michel Auzas-Mille – L’oeuf, une intrigue en islam par Hocine Atrous – Epilogue de David Frapet.
La première partie de ce numéro s’intéresse à l’universalité du mythe du serpent dans lequel est souvent noté une ambivalence et une dualité apparentes depuis les cultes du serpent des traditions natives. Le mythème du serpent est si fondamental qu’il a assuré sa permanence au fil des temps malgré l’hostilité de certains courants comme le christianisme institutionnel, sous de multiples formes, grossières ou stylisées, par exemple le labyrinthe. La plupart des cultures ont tenté de saisir les puissances serpentines à l’œuvre dans l’apparaître et leurs fonctions, de dispersion quand elles demeurent dans les périphéries « réplicantes », de libération quand elles s’axialisent. Elles ont su inscrire leurs découvertes, et les mystères associés, aussi bien dans les représentations artistiques que dans les nombreuses histoires relevant de l’oralité ou de l’écrit qui se sont transformées au fil des temps sans perdre leur substance. C’est cet héritage qu’explorent les auteurs rassemblés dans la revue.
La deuxième partie nous conduit du serpent à l’œuf. Que ce soit avec la spirale ou l’ouroboros, le mouvement serpentin s’associe immanquablement avec l’œuf et le cercle, là encore par un symbolisme d’une infinie richesse mais aussi par une traduction opérative qui n’est jamais donnée mais demande à être conquise. En multipliant les entrées, par les portes traditionnelles d’Occident ou d’Orient, mais aussi par les nouvelles fenêtres ouvertes par les physiciens, les auteurs nous permettent d’approcher la réalité derrière ce qui se donne à voir. En abordant le thème du serpent et de l’œuf, c’est de notre propre nature qu’il est question, à la fois matière et esprit. A travers la démarche initiatique qui vise à résoudre les paradoxes dualistes du serpent, c’est la non-dualité qui est recherchée. Les ambivalences du serpent, qui donnent toute leur saveur aux traditions serpentines, finissent par se résorber dans une Sagesse commune aux traditions, une fois débarrassées des limites et scories des croyances, préjugés et conditionnements.
Ne manquez pas ce numéro remarquable de Matières à penser, qui plus est de très belle facture et aux magnifiques illustrations.