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Origine par Alain Sainte-Marie. Editions Unicité, 3 sente des Vignes, 91530 Saint-Chéron.
Poète-éveilleur, Alain Sainte-Marie est l’auteur de deux essais de philosophie de l’éveil : Le flux de la vie : pour une philosophie de l’affirmation aux Deux Océans (2016) et Le Grand Ailleurs : pour une éthique du dépassement aux Editions L’Originel-Accarias (2019).
Origine est un petit livre remarquable qui ouvre une brèche dans les temps stériles que nous traversons pour laisser passer une lumière féconde. Porté par une écriture ciselée et poétique, les textes courts réinitialisent l’origine à partir de la situation, aussi déplorable soit-elle. D’une lucidité implacable, ne laissant aucune possibilité au lecteur de s’échapper, les mots dessinent la cible de l’essentiel avant de décocher une unique flèche qui ne manque jamais le centre.
« Du sol, des hommes ni du ciel, je ne cueille plus les fleurs. J’entre dans une présence qui ne parle pas, qui ne signifie rien : à son ombre j’ai dormi ma vie. La connaître est non-savoir, et c’est là toute la connaissance. Elle est ce qui nous trouve lorsque l’on n’a plus d’intérêt parce qu’on a vu la masse grouillante de vers que renferme toute chose en son sein. »
« Dans le dédale du sens, des images et des formes, je crois entendre la voix lointaine d’un texte originel et non écrit dont je me fais le scribe infidèle et consciencieux. Mon âme, comme à tâtons, en guette les échos affaiblis tandis que ma voix s’enroule en spirale dans un puits sans fond. »
Alain Sainte-Marie invite l’acteur, qui soudainement perd son texte sur la scène du théâtre de la vie, à délaisser un temps les spectateurs, reflets d’ailleurs absents, pour se retourner vers les coulisses et la machinerie des effets.
« La pluie tombe, machinale, sur les promeneurs, machinaux eux aussi, et leurs chiens. Si les choses sont ce qu’elles paraissent, comment ne pas voir en elles les jouets mécaniques des dieux ? Et moi, leur ombre versatile, qu’est-ce donc qui me fait hurler ce cri de silence à la gloire vivante du rien ? »
Pessimiste, dépressif, mélancolique ? Non, un miroir n’est ni ceci ni cela.
« Je fais du silence originel une corde à ma lyre.
Son primordial dont la rumeur fendille mes solitaires prisons d’écorce. Fissures du chant. Vibration de la parole dans les interstices. La vie renaît. Tous les contraires s’unissent en une même étoile.
Voici venir le jour. »
Le chant est là, dès les premières pages, mais il reste peu audible sous la clameur des obscurités. Les vagues dualistes se brisent avec fracas sur les rochers du quotidien. Mais peu à peu, la solitude si insupportable se transforme en tranquillité et en liberté. La rumeur dualiste laisse place au chant non-dualiste.