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Nuit des Légendes n°3. Editions L’œil du Sphinx, 36-42 rue de la Villette, 75019 Paris – France.
L’association Nuit des Légendes poursuit sa célébration des contes malgré les conditions difficiles. A Pleuven dans le Finistère Sud, elle a organisé le 7 août 2020 un Spectacle de contes autour de la conteuse Lucienne Moisan et du conteur Loïg Pujol ainsi qu’une Ballade contée en septembre 2020, toujours à Pleuven avec Marie-Thé Sainrat, Alain Sainrat, Michel Lidou et Jean-Marc Derouen.
Ce troisième volume de Nuit des Légendes rassemble les contes et histoires de ces six auteurs ainsi que leurs portraits. Soutenir la tradition orale du conte par l’écrit est indispensable. Il permet aux histoires de circuler, vivre, se transformer, aller et venir, tissant un réseau de voix et d’oreilles gardiens de l’imaginaire.
Les textes renouent avec ces êtres qui peuplent nos mémoires, cachés dans quelques recoins : fées, sorcières, génies, korrigans, maouez-noz… mais aussi rois, reines, princesses et bien sûr marins.
Le lecteur apprendra bien des choses, par exemple comment la mer s’est réellement formée, comment l’oiseau appelé « roitelet » a reçu son nom ou qu’il ne faut pas essorer le linge avec n’importe qui par une nuit de pleine lune, et se méfier quand même des korrigans.
Outre les contes, le parcours des conteurs et conteuses est riche d’enseignements. Il n’y a bien sûr aucune règle mais les témoignages des six auteurs nous permettent de comprendre comme on devient conteuse ou conteur et les valeurs qui permettent cette transformation, la capacité d’émerveillement, l’écoute, le partage, la joie…
Extrait d’un conte de Loïg Pujol intitulé La Navigation des hommes de Loc Maze Penn ar Bed :
« Dix fois déjà, le soleil avait parcouru les deux extrémités de la mer, et il leur était toujours impossible d’apercevoir un rivage ou de gagner un port. Découragés et saisis par la peur, les hommes ont relâché les voiles et ont sombré dans la détresse.
Mais la silhouette de femme est revenue, couvrant à nouveau la surface de la mer d’une onde frémissante. Elle s’est montrée au-dessus de l’eau, regardant les équipages. Puis elle a plongé. Elle a glissé dans les vagues et les hommes l’ont suivie.
Trois rayons de lumière blanche sont apparus dans le ciel, et au-dessous, une côte s’est montrée à leurs yeux. Cette terre était une immense pleine dorée, où se dressait une montagne d’or et de feu en éruption. De partout jaillissaient des étincelles, des éclairs et des rayons lumineux. Du mouillage, les deux navires ont gagné le rivage doré. Une partie des équipages est resté à bord, l’autre est allé reconnaître les contours et l’emplacement de la montagne. Toute la journée, ils ont parcouru les monts sans se lasser. Toute la région regorgeait de trésors. La terre diffusait un parfum merveilleux. Mais il n’y avait ni animal, ni humain… »