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Réflexions sur les Causeries initiatiques d’Edouard E. Plantagenet. Tome 3 : Le Maître de Joël Gregogna. Editions Dervy, 19 rue Saint-Séverin, 75005 Paris, France.

http://www.dervy-medicis.fr/

Avec ce troisième tome, Joël Gregogna boucle un ensemble exceptionnel qui démontre ce que peut offrir la Franc-maçonnerie quand les ensembles de mythèmes et de symboles qu’elle propose sont réellement mis en œuvre.

Les écrits d’Edouard E. Plantagenet ont inspiré nombre de Francs-maçons mais souvent de manière décousue. Joël Gregogna se saisit de l’ensemble comme d’une machine pensante et créatrice destinée à conduire un approfondissement permanent. C’est une dynamique proche de celle du midrash qui renoue ainsi avec les exigences traditionnelles.

Joël Gregogna ne commente pas le texte de Plantagenet de façon linéaire mais thématique.

Il analyse tout d’abord la structure générale de la réception au troisième grade : mise en condition – état de désordre – état de transition – remise en ordre – catharsis.

« L’exaltation au troisième grade est finalement, suggère Joël Gregogna, un psychodrame où le(la) récipiendaire est non seulement spectateur(trice) mais acteur(trice) de cette véritable pièce de théâtre. Il(elle) joue différents rôles, tour à tour mauvais compagnon(ne), architecte, cadavre et… jusqu’à lui(elle)-même ! La catharsis s’avère alors particulièrement complexe. Elle se manifeste à plusieurs moments, l’ensemble de la cérémonie constituant lui-même une catharsis. C’est un peu comme si les rituels induisaient une décharge d’affect plus ou moins forte selon l’importance de la rupture. Bien sûr, le relèvement est le temps le plus intense en ce qu’il est exultation, expulsion de l’expérience dramatique que le(la) récipiendaire vient de subir, rejet de la frustration d’avoir été humilié(e), floué(e), déchu(e), rendu(e) à l’état d’un cadavre dépourvu de la vue, mais non de l’audition. En un instant, ce vécu douloureux se trouve évacué de manière traumatique, dans un espace en partie intellectuel, mais avant tout spirituel. Entendue dans ce cadre-là, on peut véritablement parler d’exaltation à la maîtrise. »

Viennent ensuite les approches par mythèmes : celui des Alliances depuis l’Alliance en Eden jusqu’à la Nouvelle Alliance, passant par Adam, Noé, Abram, etc. Cette typologie se prolonge dans l’Alliance maçonnique rituelle.

Après avoir questionné le sujet de la tradition et donc de la transmission, Joël Gregogna développe longuement le sujet de la violence en ses diverses déclinaisons, jusqu’à « clore les effets de la violence par le pardon ». Il illustre cette clôture à travers deux regards, celui de la Chevalerie et celui de la « résolution maçonnique des conflits ».

La partie la plus importante de cette longue réflexion spiralaire est sans doute celle du labyrinthe. Thésée en est le guide par les multiples aspects qu’il porte, symboliques, métaphysiques, opératifs. Le labyrinthe porte en lui, caché au départ puis de plus en plus évident le sujet fondamental du Centre.

« Dans l’idée maçonnique, le centre est le lieu-moment où tout cesse d’être perçu contradictoirement, où l’adepte peut notamment trouver le vide-plein de son ego profond. C’est en ce point central que les idées d’intuition, d’initiation, de mythe et de symbole se fondent peut-être en un ineffable alpha et omega. Le centre constitue le cœur, la destination apparente du parcours initiatique, l’endroit où ce qui est perdu peut-être retrouvé. »

Ces Réflexions, très étayées, constituent une matière riche, florissante pour celui qui souhaite appréhender la profondeur du rite qu’il pratique et met en œuvre tant à l’extérieur qu’en lui-même.

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