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Qu’est-ce que la Franc-maçonnerie ? Doctrine, techniques, espérance de Jules Mérias. Editions de l’Art Royal.
https://www.editionsdelartroyal.fr/
Voici un petit ouvrage de la Collection Franc-maçonnerie qui intéresse par sa concision pertinente. Il n’est pas nécessaire en effet de rédiger des centaines de pages pour faire penser et l’auteur demande au lecteur de vérifier chacun de ses propos.
Jules Mérias a remarqué que nombre de Franc-maçons se posaient bien des questions après leur initiation. Il présente un choix de repères pour favoriser la construction de réponses qui ne soient pas plaquées sur l’expérience.
Il commence par aborder le sujet de la tradition, de ses deux versants, exotérique et ésotérique, de l’initiation et de la transmission pour mettre en évidence que « L’initiation maçonnique se situe indubitablement au versant ésotérique de la tradition judéo-chrétienne. ».
Vient ensuite la distinction entre Franc-maçonnerie opérative et Franc-maçonnerie spéculative préalablement à la fondation de 1717, clarifiant quelques termes, « libertin », « athée », « catholique », prenant en compte les contextes politico-religieux de l’époque. Il rappelle les trois interdits des Constitutions d’Anderson, portés par les trois grands articles de Noé : immoralité, idolâtrie, effusion de sang.
Jules Mérias revient sur un point oublié : le latitudinarisme.
Dans l’Angleterre de 1723, si le pasteur presbytérien Anderson et le prêtre anglican Desaguliers s’accordaient, malgré leurs divergences confessionnelles, c’est qu’ils étaient latitudinaires.
Le latitudinarisme n’était pas une confession, seulement une conduite de la part de chrétiens de diverses confessions, qui considéraient que chacun est libre du choix de sa religion, pourvu que celle-ci comporte la foi en Dieu et sa volonté révélée.
Croire en Dieu et sa volonté révélée, ce n’est pas le déisme mais le théisme. »
Un principe latitudinaire a vocation œcuménique et il serait bon de s’en rappeler pour éviter quelques conflits stériles. Ce principe a permis l’ouverture à des non chrétiens, notamment des juifs, dès 1725.
L’événement fondateur de la Franc-maçonnerie, le Temple de Salomon, en justifie et nourrit sa symbolique.
Dans la deuxième partie de l’ouvrage, Jules Mérias aborde la méthode maçonnique, la mise en œuvre des symboles pour passer d’une initiation virtuelle à une initiation effective. Une méthode initiatique se dessine à travers la prise en compte réelle des interactions entre Sagesse, Force et Beauté. La méditation et le rappel de soi sont indispensables. Il est rare, dans le contexte maçonnique, d’entendre parler de rappel de soi alors que c’est la base de tout travail initiatique.
L’auteur insiste avec justesse :
« Comme pendant notre initiation, la présence en loge favorise le rappel à soi. Le fait d’être spectateur d’une initiation ou auditeur d’un morceau d’architecture, nous fait porter notre attention à la fois à ce qui se passe hors de nous, ce à quoi nous assistons, et en nous, les pensées qui nous viennent. La présence en loge induit le rappel à soi qui nous fait économiser de l’énergie. C’est pourquoi il arrive que l’on se sente mieux après une tenue qu’avant. C’est même le signe d’une tenue réussie. »
Par petites touches ajustées, Jules Mérias révèle ainsi la Franc-maçonnerie comme potentielle voie d’éveil, véhicule d’une véritable « alchimie spirituelle ».