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Julius Evola et la voie héroïque du « détachement parfait » de Jean-Marc Vivenza. Editions Archè, via Troilo 2, 20136 Milan, Italie.

http://www.editionsarche.fr/

Nous connaissons surtout Julius Evola pour son apport à l’hermétisme italique qui reste sans égal en Europe mais comme d’autres hermétistes de la péninsule, il s’est intéressé, de manière rigoureuse, à d’autres courants, notamment orientaux.

Jean-Marc Vivenza cherche à identifier les sources et fondements métaphysiques de l’ouvrage publié en 1943 par Julius Evola sous le titre la Doctrine de l’Eveil. Son sous-titre en était Essai sur l’ascèse bouddhique. Mais, si les références bouddhistes sont bien réelles, les principes métaphysiques relevés par Julius Evola demeurent, indépendamment des temporalités et des cultures traditionnelles.

C’est lors d’une crise existentielle aigue, qui le conduisit à user de psychotropes, que Julius Evola rencontre le bouddhisme à travers un texte, le Majjhimanikâyo qui produira chez lui une sorte d’illumination qui le libère de ses penchants auto-destructeurs. La Doctrine de l’Eveil est un fruit de ce moment particulier et prendra une forme à la fois ascétique et héroïque, ce dernier caractère typifiant par ailleurs l’hermétisme italique.

S’appuyant sur ses connaissances du bouddhisme, des bouddhismes devrait-on dire, et par de nombreuses citations extraites des écrits de philosophes occidentaux, Jean-Marc Vivenza étaye la construction du texte d’Evola et en éclaire le sens comme la portée. C’est la question métaphysique de l’essence et de l’existence, celle du rapport entre le rien et la chose, le vide et le plein qu’approfondit l’auteur, sans apporter une réponse qui ne pourrait être que relative. Il s’agit d’aller toujours plus profondément vers l’insaisissable.

« Sans accès possible, l’être est présent dans son absence et absent en tant que présent. La révélation de l’inexistence de l’être, n’est qu’un moyen de sombrer plus avant dans l’absence de l’être. L’intolérable ne peut se comprendre, mais il est certain qu’une seule chance par lui nous reste offerte : celle d’accepter le « non-sens ». L’existant, le sujet, se retournant sur lui-même doit donc impérativement affronter dans l’angoisse, la nuit vide, l’absence cruelle, son expulsion hors de lui-même vers le délaissement. Le sujet n’est rien d’autre que cette ouverture au rien, à l’innommable altérité face à laquelle il affronte, tout en rencontrant sa tragique limite ; limite tragique mais joyeuse au sein de laquelle il atteint, tout en l’ignorant, son invisible souveraineté d’absence. Il n’est donc d’autre mission véritable pour l’être, il n’est d’autre fin authentique pour lui, qu’une souveraine perte définitive qui l’ordonne au silence du non-savoir. »

Outre cette approche de l’essentiel à travers les mots, agencés non en concepts mais en expériences mêmes, Jean-Marc Vivenza dégage des différents courants traditionnels évoqués une architecture non inféodée aux formes et distingue quelques repères invariables des voies d’éveil qui seront utiles au lecteur engagé dans une pratique.

« En définitive, dit-il, ʺl’Eveilʺ consiste à comprendre que rien ne peut conduire où l’on est déjà, que rien, strictement rien n’a été enseigné, car la libération n’a pas à être recherchée, puisque depuis toujours, et pour toujours, il n’y a jamais eu nul temps dans lequel nous avons été placés ; (…)

Rien n’est apparu, rien ne disparaît. Tout est vide au sein de l’éternel Néant. »

A lire.

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