
Une femme culte. Enquête sur l’histoire et les légendes de Marie Madeleine de François Herbaux. Editions Gaussen, 6 rue Crinas prolongée, 13007 Marseille.
L’auteur, journaliste scientifique, a déjà publié plusieurs ouvrages à caractère historique. En partant sur les traces de Marie-Madeleine, François Herbaux souhaite mieux comprendre la construction des mythes et traditions associés à la figure complexe de Marie-Madeleine.
Basé sur des recherches et des entretiens scientifiques, il éclaire l’évolution de la sainte depuis les références dans les Evangiles jusqu’à nos jours. L’enquête très étayée qui nous est offerte se révèle aussi passionnante qu’accessible.
Le livre commence à la Sainte-Baume, comme il se doit, lieu de culte dédié à Marie-Madeleine par excellence. D’emblée, la question de la construction de la figure de Marie-Madeleine en fusionnant diverses Maries, notamment Marie de Magdala et Marie de Béthanie, mais aussi Marie l’Egyptienne, est posée. Marie-Madeleine, parfois prostituée, parfois vierge, a cristallisé nombre de projections et de fantasmes masculins, finalement « organisés » par l’Eglise romaine. Peu présente dans les Evangiles, c’est peu à peu, notamment à partir du IVème siècle, qu’une exégèse dédiée va apparaître et se développer, en plein essor du christianisme.
Autre lieu de prédilection pour le culte de Marie-Madeleine, Vézelay, dont l’abbaye accueille aussi quelques reliques attribuées à Marie-Madeleine. Une certaine rivalité entre le sanctuaire de la Sainte-Baume et celle de Marie-Madeleine vit le jour autour de la question de ces reliques, principalement au Moyen-Âge.
L’un des fils tirés par l’auteur est lié à la ville de Marseille où les légendes font débarquer Marie-Madeleine et les autres Maries. La ville conserve de nombreuses traditions qui font écho à cette arrivée, notamment la basilique Saint-Victor qui recèle bien des mystères. Elargissant son propos, c’est la tradition des saints de Provence que présente François Herbaux car les mythes se mêlent, Marie-Madeleine, Sara la noire, dont le culte est cher aux gitans comme aux compagnons, les Saintes Maries, Lazare… qui contribuent à la spécificité de la Provence. C’est l’âme provençale qui se définit à travers eux.
Le lecteur se promène sur les traces, souvent très légères laissées par Marie-Madeleine, entre histoire, mythes, légendes et traditions. Il y a, scientifiquement, plus de questionnements que de certitudes à son propos. Le grand intérêt du livre est de clarifier ces questions sans porter atteinte aux mythes ou aux traditions qui demeurent vivants, indépendamment des faits ou des doutes historiques.
Depuis les cultes provençaux et bourguignons de la période médiévale, Marie-Madeleine n’a cessé de se renouveler, notamment dans l’art et récemment dans le cinéma. Elle n’a pas fini de redonner souffle aux traditions chrétiennes.
En fin d’ouvrage, un supplément de l’auteur, comme un cadeau, regroupe « en un seul texte, ce qu’on pourrait appeler une « vie traditionnelle de Marie-Madeleine » augmentée des récits apocryphes ».