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Le signe de détresse par Jacques Chaboud. Editions Dervy, 19 rue Saint-Séverin, 75005 Paris, France.

http://www.dervy-medicis.fr/

 

Voici un excellent roman. Jacques Chaboud nous conduit dans une aventure prenante et incertaine en cette période faste pour les mouvements occultistes, à la fin du XIXème et au début du XXème.

 

Nous sommes en 1896. Son personnage principal, Thibaud de Gurel, journaliste peu convaincu de son propre talent, se retrouve par hasard mêlé aux agissements obscurs d’une société secrète, Le Soleil Noir. L’histoire commence en Sicile, à Cefalù exactement, ce qui donnera quelques indications au lecteur. Il enquêtera tant en Grande-Bretagne qu’en France sur les milieux occultistes et la Franc-maçonnerie.

 

Les personnages rencontrés sont souvent hauts en couleurs, tout à la fois inquiétants et attirants, en phase avec la complexité de l’époque. Jacques Chaboud restitue avec talent les atmosphères, les contextes, les failles culturelles, les ambiguïtés de sociétés en mutation et de milieux qui se traversent sans se comprendre.

Nous croisons maintes histoires au fil des pages comme celle de Jack l’Eventreur ou celle de certains membres célèbres de la Golden Dawn mais aussi l'affaire Léo Taxil. Les luttes politiques qui orientèrent certaines activités et évolutions maçonniques de l’époque sont prises en compte. Thibaud de Gurel est à la recherche d’un personnage aussi dangereux que mystérieux, Adrian Banks, aperçu à Cefalù,  mais il se laisse facilement égarer, parfois par quelque visage de femme, et oublie alors ce qui lui importe vraiment, ce qui lui vaudra quelques mésaventures.

 

« Il expliqua ce qu’il put ou voulut concernant la lettre de Banks, plongeant Taxil dans une longue méditation, dont il sortit pour affirmer :

  • Mon cher Thibaud, je ne vous cacherai pas que j’ai quelque peu joué avec le feu.

Pensant à la supercherie de la cérémonie, dont il ne dit rien à son compagnon, le jeune homme répliqua :

  • Mais de qui ? Ne tenez-vous pas les rênes ?!
  • C’est ce que je pensais, mais l’attelage s’emballe.

Ils interrompirent là leur dialogue sibyllin, avant que Thibaud ne reprît :

  • Savez-vous chez qui nous étions ?
  • Non, assura Taxil, la seule chose que je puisse avancer, c’est qu’aucun des chevaliers n’étaient présents au dîner.
  • Ni Lucifer, ajouta Thibaud en riant.

Taxil resta de marbre et se contenta de demander :

  • Entendez-vous rédiger un article sur la cérémonie ?
  • Je n’en suis pas sûr, dit Thibaud, car vous l’avez déjà fait dans vos ouvrages, mieux que je ne saurais l’écrire.

Taxil ne commenta pas, mais releva :

  • Nos amis de ce soir savaient très bien ce qu’ils faisaient en nous invitant dans cette loge, comme au théâtre.

Thibaud approuva :

  • Oui, c’était une manière efficace de discréditer la véritable franc-maçonnerie par nos témoignages.

Ils se quittèrent sur cette conclusion réaliste. »

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