
Le langage symbolique de la Franc-maçonnerie de Pierre Dangle. MdV Editeur, 16 bd Saint-Germain, 75005 Paris – France.
Cet ouvrage rendra bien des services, non seulement aux nouveaux membres de l’ordre maçonnique mais aussi aux plus anciens.
La Franc-maçonnerie a généré un vocabulaire qui lui est propre, véritable langue sacrée selon l’auteur, qu’il convient de s’approprier. Ce sont ainsi les mots-clés de la Franc-maçonnerie qui sont répertoriés et présentés dans ce lexique afin d’en approcher la puissance symbolique.
Pierre Dangle commence par interroger le sens du mot « initiation » qu’il appréhende comme un art de vivre :
« L’initié, dit-il, est l’être d’une question essentielle : qu’est-ce que la vie ? Que sont nos devoirs envers le don de vie que nous avons reçu ?
On peut considérer l’initiation comme une mise en mouvement de l’être l’amenant à entreprendre une quête, un parcours vers les valeurs caractérisant un ordre universel, cheminement ne pouvant s’accomplir sans liberté. Or, l’initiation est le souffle de liberté indispensable à l’authenticité de cette quête. (…)
La vie initiatique n’a pas pour but d’expliquer la vie, mais simplement de témoigner de son mystère.
L’initiation est un art de vivre, et la réalité de cet art doit être perceptible à travers les rituels, qui en constituent la clé de voûte. Le mot initiation ne correspond-il pas à l’art de se tenir dans le commencement de toutes choses, cet art ne pouvant être que d’ordre rituel ? »
La langue maçonnique est pleine de nuances, en raison de la plurivalence des symboles mais aussi de l’emboîtement des mythes dans lesquels elle prend sa source. Pierre Dangle n’a pas fait le choix du dictionnaire. Ce sont trente-trois mots-clés, ou expressions, qu’il a soigneusement sélectionnés pour les approfondir. Nous trouvons ainsi des études du « Grand Architecte de l’Univers » ou du « tableau de Loge », études attendues, mais aussi des études de la « Règle », de la « Tenue » ou de la « mise à l’ordre », moins considérées généralement. Un seul extrait permettra d’en voir tout l’intérêt :
« La parfaite rectitude du frère par la mise à l’équerre de tout son corps engage son coeur sur la voie de l’initiation. Pour l’Egypte ancienne, le coeur est un vase qui se situe Au-delà de toute référence mentale. Celle-ci es tune entrave tenace. Le mental « coupe la tête » du chercheur de rectitude. Le cerveau vieillira comme les autres organes. Mais lors du grand passage, tout Frère présentera aux dieux ce coeur semblable à un vase en pierre nommé coeur-conscience, composante la plus intime de son être. Ils lui demanderont : « De quoi l’as-tu rempli ? »
S’il est rempli de rites vécus, de formulations de la lumière, alors l’initié pourra affirmer qu’il a vécu tel ou tel rituel, ainsi que le banquet où se formule le Verbe. Il pourra poser aux dieux la question : « Me reconnaissez-vous ? »
Aussi importe-t-il de garder la flamme de l’initiation dans le coeur-conscience et de la vivre pleinement par une mise à l’ordre impeccable. Le signe d’ordre intervient justement pour cela. Il met sur le chemin, il architecture le Frère. En usant d’un néologisme, on pourrait dire qu’il le templarise. »
L’ouvrage est lui-même conçu comme un voyage initiatique dans la langue maçonnique, c’est pourquoi il se termine par le thème de « L’Orient éternel » :
« L’Orient éternel, conclut Pierre Dangle, appartient à la géographie céleste ; il est un espace que la lumière construit. Une Loge peut l’atteindre si elle apprend à reconnaître la porte qui le garde et à construire le temple comme la lumière construit l’Orient éternel. Il est un Au-delà présent ici et maintenant si la Loge s’engage sur le chemin de l’initiation. »
Cet excellent travail ne fait pas que clarifier les expressions maçonniques, il donne de la densité à des concepts dont les Francs-maçons n’ont souvent qu’une vague idée même si elle est devenue familière. C’est de contenu dont nous avons besoin pour que l’implicite puisse nourrir l’explicite.