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La littérature maçonnique est prolifique, certes inégale mais les ouvrages de qualité l’emportent largement sur les écrits médiocres. Parmi les ouvrages sérieux et intéressants, nous trouvons un grand nombre de livres à caractère historique et des essais de symbolisme. Il est beaucoup plus rare de rencontrer des essais sur le procès initiatique lui-même en ses différentes dimensions. Ceci traduit la faiblesse générale de la mise en œuvre réelle de la démarche initiatique dans l’Ordre maçonnique aujourd’hui.

 

Nous attirons aujourd’hui votre attention sur le travail rigoureux de Jean Bartholo qui cherche à investir la dynamique interne des mythes maçonniques afin d’en déduire une mise en œuvre opérative. Nous sommes là au cœur de ce que pourrait être, devrait être, l’initiation maçonnique.

 

 

Jean Bartholo a publié deux ouvrages sur le Rite Ecossais Ancien et Accepté :

 

 

 

Méditations sur les hauts grades du Rite Ecossais Ancien et Accepté de Jean Bartholo. Editions Télètes, 51 rue La Condamine, 75017 Paris.

Ce livre propose une série de médiations sur les hauts grades du REAA afin d’en approcher les mystères qui ne se déploient qua dans une intimité spirituelle.

Jean Bartholo évoque cette chambre du milieu, point de départ du voyage :

« Puisque nous sommes en chambre du milieu, réfléchissons, invite-t-il, si vous le voulez bien, à ce que nous sommes, Maîtres, en pèlerinage incessant de la circonférence au centre du cercle en tentant de « rassembler ce qui est épars », en l’occurrence nos ossements pour reprendre vie. Vous le sentez bien, il ne s’agit plus ici de tâche à remplir, de compétences à acquérir. Oui, vous le sentez bien, il y a autre chose. Pour saisir ce qui est en jeu il nous faut aller au cœur du Mystère qui nous rassemble. La mort et la résurrection d’Hiram en chacun de nous nous permettent de rassembler nos ossements desséchés et de reprendre vie. Si nous ne rentrons pas au cœur de ce Mystère nous ne comprenons rien. »

 

Au fil des pages, grade après grade, il conduit le lecteur au-delà de ce qui se donne à voir, au-delà des formes qui sont une matière à travailler.

« Il y a donc autre chose, dit-il plus loin. C’est sur cette foi, sur cette confiance, que le Franc-maçon accepte de vivre les Tenues. Et il ne vient pas en loge pour jouer mais pour découvrir, pour recevoir, avec les autres Frères, ensemble, quelque chose que l’on nomme Lumière, Parole Perdue, Vérité. Toutes ces appellations sont symboliques et évoquent un élément non humain, doué de permanence, c’est-à-dire hors du temps et de l’espace, et dont le dépôt existe en chacun des Frères.

Voilà pourquoi il y a une initiation, des grades, des formes à respecter pour ouvrir et pour fermer les travaux en loge, pour transmettre une connaissance et éveiller le permanent qui repose en chacun d’entre nous. Pourtant la rédaction du récit est une protection forte car seuls ceux qui ont des oreilles entendent. Essayons de franchir ce premier obstacle et d’oublier le plan moral, plan relatif par rapport à un sens plus secret. »

 

Les développements des interactions entre les symboles que propose Jean Bartholo portent la possibilité d’une pratique opérative. Il en est ainsi quand il évoque, à propos de l’Elu des Neuf, le fait de tranche la tête comme « symbole de la déconnexion du mental, du Moi » ou encore, à propos du Chevalier du Serpent d’Airain, quand il en appelle à « une démarche spirituelle qui fait mourir et renaître le serpent en nous ».

 

Au fil des pages, Jean Bartholo ne cherche pas à apporter des connaissances, il confie au lecteur des moyens de connaissance, un renouvellement du rapport à ce qui se présente faisant d’un objet sans vie un vecteur de connaissance.

« Le but de la démarche, dit-il, est de tenter, d’abord pour nous-mêmes, une correction de trajectoire. On peut ainsi trouver un fil conducteur à la fabuleuse aventure du cosmos, de la vie et de la pensée. L’étoffe de l’Univers n’est pas uniquement matérielle. C’est ici que la Révélation maçonnique par les rituels prend tout son sens. Aussi la Franc-maçonnerie ne doit pas être considérée uniquement à vues humaines, comme l’une des institutions du corps social de l’humanité. C’est dans l’intime relation des frères avec l’Esprit maçonnique et dans la Lumière que résident pour la Franc-maçonnerie la source et la règle de son action. Le sens de l’Initiation à l’éclairage des rituels, des symboles et des outils, est loin d’avoir épuisé toute sa force. Et cela transcende la variation des temps et des cultures. Les insondables richesses de nos rituels ne sont pas encore dévoilées : le travail à accomplir reste entier, nous n’en sommes qu’au début. Nous devons d’autant plus garder nos sens en éveil afin que l’Esprit ouvre nos intelligences et nos cœurs au discernement afin de pouvoir agir. »

 

Méditations sur l’Espace et le Temps Maçonniques dans le Rite Ecossais Ancien et Accepté de Jean Bartholo. Editions Télètes, 51 rue La Condamine, 75017 Paris.

Nous savons que notre rapport au temps est l’un des meilleurs signes de notre avancée sur les voies d’éveil. Cette question est centrale, à la fois culturellement et opérativement.

Jean Bartholo expose tout d’abord l’architecture de l’espace et du temps dans l’histoire humaine. Nous oublions souvent que notre rapport moderne au temps et à l’espace  diffère considérablement de celui établi par les êtres humains dans le passé. Il y avait alors des temps favorables, des temps hostiles, des temps sacrés, des temps festifs, de même pour les espaces. Les divers modèles du monde et du temps qui structuraient nos croyances et nos comportements d’alors ont déterminé grandement notre relation à la nature, considérée comme favorable, neutre ou hostile, selon les traditions, ce jusqu’à la Renaissance qui permet un nouveau paradigme.

 

 

Jean Bartholo distingue la Tradition cosmique, la Tradition prophétique et la Tradition messianique :

« La Tradition cosmique, c’est la Pierre de fondation qui place l’homme dans l’univers, et que l’on découvre en loge symbolique. Le rituel d’ouverture des travaux en loge symbolique reprend le texte de la création de l’Ancien Testament : lumière primordiale, création du soleil et de la lune et des étoiles au 4ème jour, etc. L’Eternel crée le cosmos et la nature, la Vie, l’Homme.

La Tradition prophétique, se manifeste du 4ème au 14ème grade. Elle associe Alliance et Révélation. La Révélation procède par « étapes » ; David et Salomon pièces maîtresses de la Loge de Perfection, qui conduisent à la construction du Temple, ont eu comme ancêtres Noé (l’Arche, l’Arc-en-Ciel), Abraham (alliance de l’Eternel avec un homme), Moïse (alliance avec Israël).

La Tradition messianique du 15ème au 33ème grade, découle logiquement de la précédente, comme phase finale de la Révélation dans le Nouveau Testament.

Ces trois étapes associées représentent le temps du passage du Temple de pierre au temple de l’Esprit incorporé au Temple de chair. »

 

Nous voici donc dans une voie du Corps de Gloire, les prophéties étant, rappelons-le, non des prédictions de l’avenir mais bien d’un plan à suivre pour rejoindre le divin.

 

Jean Bartholo développe ces trois Traditions à travers l’enseignement symbolique et mythique des grades du REAA qui voient progressivement la lumière s’imposer et l’initié échapper tant à la temporalité qu’à l’espace pour pressentir l’Eternité, éventuellement l’actualiser, dans cette Chambre du Milieu qui n’est qu’axialité. Il s’agit bien d’actualiser le « déjà et pas encore » dans un « entre-deux » qu’Henry Corbin a désigné comme « imaginal ».

         

 

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