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Les ours insolites d’Afrique de Bernard Heuvelmans

Les ours insolites d’Afrique de Bernard Heuvelmans, Editions L’œil du Sphinx.

Philippe Marlin et les Editions de L’œil du Sphinx poursuivent la réédition de l’œuvre de Bernard Heuvelmans. Ce choix éditorial audacieux doit être salué à l’heure où rares sont les éditeurs qui font autre chose que du commerce de denrées insipides.

Bernard Heuvelmans (1916-2001), zoologue belge, fut le fondateur de la cryptozoologie. Son œuvre est consacrée aux animaux encore inconnus de la science ou à certains animaux que l’on pense disparus ou purement mythiques. Ses travaux demeurent une référence du domaine.

Ce présent ouvrage est consacré aux ours d’Afrique, une Afrique réputée comme dépourvue de la présence de cet animal qui nous est à la fois familier et méconnu. L’enquête de Bernard Heuvelmans est, comme à l’accoutumée, rigoureuse et étayée. Une partie de l’ouvrage est consacrée à la présence possible de l’ours brun au Maroc, en Algérie et en Tunisie dans le passé. Il confronte des témoignages, des textes anciens, des oeuvres d’art et des ossements fossiles et subfossiles. Une autre partie de l’ouvrage, la plus conséquente s’intéresse à l’ours Nandi du Kenya, dont on ignore la nature exacte. Devenu un acteur des légendes populaires locales, un croquemitaine, un diable parfois, l’ours Nandi est un produit d’un processus de mythification assez classique dans les sociétés traditionnelles.

L’énigme de l’ours Nandi est l’un des grands mystères de l’Est africain étudiés par la cryptozoologie, aussi important que celui de la bête du Gevaudan en France. Il est parfois difficile de discerner les faits au milieu d’un tissu d’épouvantes. Dans les années 50, Bernard Heuvelmans ouvre le dossier de l’ours Nandi et rassemble une documentation qui deviendra très complète au fil des ans et lui permettra de relever les contradictions dans les témoignages et de construire pas à pas la méthode cryptozoologique. La fonction sociale, selon les ethnies rencontrées, de ces créatures insaisissables en même temps que leurs possibles caractéristiques physiques se dégagent de l’analyse des différents témoignages et documents rassemblés. Certaines de ces créatures sont parfois clairement identifiées, par un exemple un énorme ratel, d’autres fois elles demeurent énigmatiques.

Toutefois, les investigations de Bernard Heuvelmans lui permettent certaines conclusions :

« Il est permis d’affirmer en toute sérénité qu’il y a eu des ours en Algérie au moins jusqu’au milieu du XIXème siècle – l’Ours de Faidherbe – et qu’ils ont peut-être survécu un peu plus longtemps au Maroc – l’Ours de Crowther – pour vraisemblablement disparaître toutefois avant la fin du siècle. »

Si, pour lui, l’Ours Nandi n’est pas un ours, il avance l’hypothèse que l’aire de distribution de l’ours brun en Afrique est beaucoup plus vaste qu’on ne l’a affirmé.

L’enquête passionnante de Bernard Heuvelmans montre combien la science doit se montrer tout à la fois prudente dans ses conclusions et largement ouverte aux hypothèses parfois les plus inattendues si elle ne veut pas s’interdire des découvertes aussi fascinantes que pertinentes.

Editions de L’œil du Sphinx, 36-42 rue de la Villette, 75019 Paris – France.

www.oeildusphinx.com

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