Cathy Garcia
La poésie de Cathy Garcia est une invitation à l’abandon, à la légèreté, au sourire originel, à retrouver un art de vivre l’instant, à se laisser surprendre par ce qui se présente, au plaisir spontané de la vie. Elle n’exclut ni la lucidité sur soi-même ni sur la farce du monde.
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Poèmes extraits de
CHRONIQUES DU HAMAC
De Cathy Garcia
Editions à tire d’ailes 2008
Le hamac est à l’ombre
alors je le trompe
avec la terrasse
où le soleil goguenard
se prélasse
poète artiste
dénomination
une forme
d’incarcération
un être humain
est artiste poète créateur
et toujours con
bien plus que la lune
c’est l’automne
la poésie vole
c’est écrit partout
dans les cahiers d’école
la poésie
poudre de craie écrasée
auréole d’encre crotte de nez
a des tâches de rousseur
sur le cul et sur le cœur
la poésie il y en a qui l’écrivent
d’autres la peignent
en font des films
des sculptures
des musiques
d’autres n’en font rien
la dégustent simplement
la plupart oublient de la vivre
***
Nous appartenons tous
au même arbre
arbre de vie
originel
arbre du péché d’oubli
la folle feuille qui en tombant
pense qu’elle est enfin libre
les feuilles passent
l’arbre demeure
lent retour vers les racines
pour celui qui cherche
se concentre
traverse la sève
retourne au point zéro
de la poussée
plus bas encore
dans les entrailles
de terre et de pierre
dans les sables
les schistes les marnes
plus bas encore
jusqu’au feu
noyau ardent
où mugissent les chants
des genèses
Poèmes extraits de
SALINES
Cathy Garcia
Editions à tire d’ailes 2007
MOIRURE
et chaque fois je réapprends
à regarder ma peur qui me regarde
cette sensibilité
un peu idiote
l’humide d’un trop plein
de beauté
l’envie d’un regard
amoureux
petit cinéma personnel
qui fait salle comble
l’indécrottable romantisme
cet élan qui fait gicler
de nous-mêmes le meilleur
cet enfant en nous qui veut plaire
mais le monde peut bien hurler
il y a des crocs qui jamais ne lâchent
accueillir donc
ouvrir se fondre à l’appel
briseur de sirènes
se couler dans le courant
d’une non-réalité
s’allonger sur le fond
et du coup sur les formes
danser la danse dissolue
des algues amnésiques
des traces des marques des signes
à tâtons je cherche
puis ne cherche plus
trouve la paix
sur les ailes d’un délire
un sourire qui s’étire
comme chat reptile
œil vif
cheval blanc
brin d’herbe entre les dents
guérisseur
ouvrir la fenêtre
du bout des lèvres happer la lune
la laisser fondre sous la langue
manger la nuit
recracher ses étoiles
ces milliards de soleils dans les yeux
dans nos yeux
toujours noirs
et que vienne la relève
les nouveaux dieux
barbares et bandant
qui marqueront nos lèvres
d’une sève profane
feu
averse
vapeur
la traversée
l’entre-deux mondes
je sens la force qui émane
des anciens sillons
je sens la chaleur
des entrailles
la rougeur organique
les flux de la peur
et du désir
qui tressaute
les muscles épices
le regard perforateur
du cheval écarlate
trempé de sueur
qui se cabre
juste le souffle
pour dompter
ce cheval fou
ce cheval ivre
de cette puissance
qu’est vivre
et chaque fois je réapprends
à regarder ma peur qui me regarde
LA FEMME QUE TU CHERCHES
je suis une mère une sœur
énergie lumineuse
enveloppante
je suis l’étoile charnelle
chaude et vibrante
je suis la mer
la lune tiède
le pansement doux
de tes blessures
je suis un courant
continu
la soie d’une chair
appétissante
le calice de tes soupirs
je suis le corps
toi naufragé
la rive où tu ne cesses
de buter
je suis une bête de lit
miauleuse jouisseuse
une arche de tendresse
une manne une nef
je suis un souffle une fièvre
une fente à polir
la danseuse sur l’arbre
le creux dans la terre
je suis la visqueuse
créature de ton âme
l’émeraude fendue
de ton crâne
je suis l’amazone
de tes égarements
la cavalière
de tes orages
je suis le sable la vase
la bauge noire de tes sens
je suis la vague la langue
le vampire et pire encore
je suis l’oiseau blanc qui boit
le sang des astres
je suis le matin
qui découd tes paupières
le poisson qui glisse
entre tes doigts
le jus que tu tires de moi
le sucre
sur tes lèvres
ma morsure à tes rêves
adolescents
je suis le chat
qui guette
la douce impasse
la ruelle
le délice à lécher
recrudescence enténébrée
de ton sexe
je suis
je suis depuis longtemps
la femme que tu cherches