Du perfectionnement individuel à la spiritualité de l’humanité ?

Du perfectionnement individuel à la spiritualité de l’humanité ? de Jean Bartholo. Editions Dervy, 19 rue Saint-Séverin, 75005 Paris, France.

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Nous savons la qualité de la pensée et des travaux de Jean Bartholo, tout particulièrement par ses ouvrages publiés aux Editions Télètes dont nous avons rendu compte régulièrement.

Dans ce livre, Jean Bartholo souhaite clarifier la question du perfectionnement, question centrale à la démarche maçonnique dans les deux plans de l’expérience humaine, la verticalité, le perfectionnement de soi-même, et l’horizontalité, la ré-union de ce qui est morcelé.

Nous trouvons en fin d’ouvrage cette inscription qui indique la nature d’un processus, le processus initiatique :

« La Franc-maçonnerie ne constitue pas un savoir, mais une façon d’habiter ce que ma raison ignore. Grâce à elle, je me dirige à travers une forêt, l’obscure condition humaine. Toujours à tâtons, quoiqu’avec toujours plus de lumière. »

Jean Bartholo commence par une série de questions qui posent à la fois un cadre et une méthode : « L’être humain est-il une perfection inaccomplie ? – Pourquoi l’humanité n’est-elle pas encore née ? – Pourquoi un monde en perpétuelle gestation ? – Comment l’être humain se confronte-t-il à l’évolution ? – Quelles sont les conséquences de l’émergence du pensant ? – Pourquoi l’être humain est-il un « Deviens » ? – Comment la Franc-maçonnerie participe-elle au « Deviens » ? – Comment la Franc-maçonnerie aide-t-elle l’être humain à saisir le sens de l’univers ? – Pourquoi est-ce en l’homme que commence son propre avenir ? »

Pour explorer ces questions, Jean Bartholo concilie science et spiritualité. L’être humain fait partie d’un vaste mouvement qui tend vers une perfection, une complétude.

Il identifie les ressources de la Franc-maçonnerie en tant qu’institution vouée à l’initiation, et analyse sa méthode destinée à accompagner et soutenir un processus de transformation ou de perfectionnement qu’il illustre dans l’exemple du Rite Ecossais Ancien et Accepté par trois étapes : « la prise de conscience du temple intérieur (1^er-12^e grade) – les grades chevaleresques et le combat spirituel (13^e-30^e grade) – le temps de la perfection liée aux grades blancs (31^e-33^e grade) ».

Les dernières parties de l’ouvrage introduisent la question de la place du Franc-maçon dans le monde et du rapport entre vie spirituelle et action dans la cité : « Les problèmes mondiaux ne sont-ils pas avant tout spirituels ? – La fraternité maçonnique est-elle à la mesure de l’humanité de l’homme ? »

Jean Bartholo parie sur la Franc-maçonnerie comme tradition de demain. Cela n’a rien d’une évidence quand on observe le fonctionnement des obédiences, il se concentre sur la démarche initiatique elle-même. Prenant acte de « l’échec des religions dogmatiques », il pense la Franc-maçonnerie comme un véhicule adapté à la réception, la célébration, la transmission et à la convergence de « l’agir symbolique », de « la quête spirituelle », de « l’agir éthique », pour développer une spiritualité libre dans un monde en pleine mutation.

« La spiritualité ne peut être intellectualisée, conclut-il. Certes, on ne doit pas lui opposer l’intelligence et la raison, car elle comporte une part de vérité. Cependant, dans son essence, elle traduit une confiance en une réalité qui n’est pas et ne peut pas être l’œuvre de nous-mêmes. On ne saurait jamais la rencontrer ni en aucun cas la trouver sur le plan de « l’opérationnel ». La spiritualité n’est pas ordonnée au domaine de la technique et de l’histoire, bien qu’elle ait rapport aux deux. Elle est du ressort des options fondamentales de l’être humain, qui demandent inévitablement une réponse. La spiritualité est ce qui donne le sens, fournissant une base à la vie humaine, sans préexistant au calcul et à l’action de l’individu, sans lequel, en définitive, il ne saurait ni calculer ni agir, faute de fondement indispensable. »