888

888 de Pierre Jovanovic. Editions Le Jardin des Livres, 14 rue de Naples, Paris, 75008.

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Voilà plus de dix ans, Pierre Jovanovic publiait 777 dans lequel il analysait l’Apocalypse de Jean, annonçant, entre autres, la démission de Benoît XVI. Ne serait-ce que pour cette lucidité, ce nouveau livre, 888, déroutant et passionnant, mérite une lecture attentive.

Il poursuit ainsi son analyse et son exploration des mythes et enseignements juifs et chrétiens au regard des dernières découvertes archéologiques, historiques, scientifiques, les interrogeant, les pressurant, pour en tirer des possibilités nouvelles et relire ce que nous dit le temps :

« Le Christ est définitivement, écrit-il, "LE" maître du temps universel, le maître de toutes ces secondes qui nous rapprochent inexorablement vers sa dimension : Mon royaume n’est pas de ce monde, voulant dire que son royaume se trouve dans une autre dimension, et dans laquelle on finira également. Notre "fin des temps" en quelque sorte. »

Parmi les analyses poussées par Pierre Jovanovic, nous relèverons les processus d’identifications et de croyances conditionnées qui nuisent à une véritable spiritualité affranchie. Il s’intéresse particulièrement au cas du rabbin Schneerson, un saint homme adulé de son vivant que la communauté hassidique Lubavitch de Brooklyn, et bien d’autres, considérait comme le Messie. Il évoque d’autres cas comme saint Charbel ou le Padre Pio.

L’ouvrage aborde les pouvoirs thaumaturgiques du Christ et notamment sa capacité à « voir » dans l’espace éloigné comme dans le temps. D’une manière générale, remarque-t-il, les phénomènes surnaturels christiques, qui perdurent, sont occultés par collusion de l’Eglise et d’une science volontiers réductrice.

« Jésus, dit-il, rappelle avec ses miracles eucharistiques qu’il est mort dans d’atroces souffrances pour les humains afin d’ouvrir cette "nouvelle dimension" ou "nouveau royaume" (qui semble loin quand on est dans la peau d’un mortel) à tous et à toutes, et en particulier aux pauvres et les "moins que rien" (d’où ces miracles dans des campagnes perdues du Mexique, Honduras, Venezuela…) en binôme avec sa mère. »

Pierre Jovanovic tente d’arracher le Christ à tout l’appareil politique et économique, échafaudé au fil des siècles par les institutions religieuses. Il n’hésite pas à prendre les chemins de traverse pour servir son objectif et dénonce une déchristianisation orchestrée par les prélats du Vatican.

« Deux mille ans plus tard, dit-il, clairement ce saint Esprit ne souffle plus sur le personnel du Vatican, autrement l’Eglise serait quand même dans un autre état. En d’autres termes, le souffle de Jésus ne les atteint pas, ou plus, pour une raison simple, ces prêtres vivent non seulement dans la solitude, ne croient plus en rien pour beaucoup et, pour la très grande majorité, vivent pratiquement dans la misère, une situation due à la stupide et très vénale décision de rendre le célibat obligatoire pour tout prêtre (la situation des popes, presque tous mariés, et celle de l’Eglise orthodoxe, de fait, n’est absolument pas comparable). »

Avec ce livre, nous remontons la galerie du temps de manière parfois inattendue, pour approcher le Jésus historique et le principe christique qu’il a manifesté, et continue de manifester, de manière à la fois tragique et éclatante. Très significativement, Pierre Jovanovic évoque « l’humour noir et les pouvoirs surnaturels du Christ ».