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Les OVNIS en France à la fin des années 1970. Une brève étude historique, tome 2, par Pierre Laird. Editions Le Mercure Dauphinois, 4 rue de Paris, 38000 Grenoble.

https://lemercuredauphinois.fr/

Deuxième volume d’une trilogie consacrée à la France ufologique des années 1970, Pierre Laird étudie cette fois les aspects militaires et la recherche scientifique, limitée, sur le sujet des Ovnis.

Le positionnement des scientifiques face à ce phénomène a toujours été délicat, particulièrement en France. Pierre Laird remarque que très peu de noms de scientifiques français nous viennent à l’esprit à ce sujet : Claude Poher, Pierre Guérin, Jean-Pierre Petit, Evry Schatzmann (opposante) et bien sûr Jacques Vallée qui réside aux Etats-Unis dès 1962, associé au très connu J. Allen Hynek.

Pourtant, dans les premières années de la décennie 70, deux affaires, aujourd’hui oubliées, vont impliquer les scientifiques français. Le 30 juin 1973, un technicien à bord du Concorde photographie un objet spatial, or une dizaine de scientifiques est à bord. La nature de l’objet ne sera jamais établie malgré plusieurs mois d’études au CNRS. La seconde affaire est une vidéo truquée du Thillot dans les Vosges. Les deux affaires impliquèrent des scientifiques et connurent un développement médiatique important.

Pierre Laird a rassemblé une énorme documentation pour tenter de cerner les dimensions militaires et scientifiques du traitement du phénomène Ovnis. Son ouvrage est composé de quatre parties.

Dans la première partie, il revient sur l’action du journaliste Jean-Claude Bourret qui publia quatre ouvrages à succès et s’appuya notamment sur les rapports de gendarmerie. Il fit appel aussi à l’expertise de scientifiques. En 1974, Robert Galley, ministre des Armées, lui accorde un très long entretien sur le sujet. Le ministre soutient les recherches sur le phénomène Ovnis, ce qui lui sera reproché. Des scientifiques s’expriment sur le sujet : J. Vallée déjà, J.-. Ribes, P. Aimedieu, R. Chauvin, M. Dutuit… Un congrès scientifique est même organisé à Poitiers en 1975. Cette ère médiatique se poursuivra, autour de Jean-Claude Bourret, jusqu’en 1979.

La deuxième partie de l’ouvrage analyse les rapports de gendarmerie qui d’abord très approximatifs, évoluèrent pour devenir de plus en plus utiles aux scientifiques, même si la plupart des recueils de données et de témoignages sont insuffisants pour une quelconque conclusion sur la réalité du phénomène.

La troisième partie est consacrée à l’approche du phénomène par les spécialistes des sciences humaines, peu enthousiastes d’une manière générale. L’intérêt pour le sujet n’apparaît qu’à la fin de la décennie et reste très limité.

La quatrième et dernière partie aborde le traitement scientifique du sujet et annonce un troisième volume. Des scientifiques américains se sont intéressés à la phénoménologie du sujet. Nous penserons bien sûr à Carl Sagan. Mais d’autres scientifiques étudièrent un sujet toujours très controversé, experts sceptiques, ou experts favorables à l’étude. « Nous examinerons, annonce Pierre Laird, les travaux de quelques-uns de ses collègues et nous verrons qu’ils ont émis des idées audacieuses au service d’une grande puissance de réflexion. » Peu de scientifiques français s’intéressèrent aux sujets, à l’exception de quelques astronomes.

Ce volume de plus de cinq cents pages regorgent d’informations étayées qui nous permettent, avec le recul de quelques décennies de mieux comprendre la réception du phénomène des Ovnis dans les milieux militaires et scientifiques et de des rebondissements médiatiques. L’organisation de l’ouvrage et l’écriture de Pierre Laird en rendent la lecture particulièrement agréable et permettent au lecteur de retrouver aisément une information pour la croiser avec d’autres ou de confronter les positions de chercheurs.

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