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Films, BD & Jeux de rôle. La culture populaire peut-elle être initiatique ? de Josselin Morand. Editions Dervy, 19 rue Saint-Séverin, 75005 Paris, France.

http://www.dervy-medicis.fr/

En posant cette question : « La culture populaire peut-elle être initiatique ? », c’est la notion même d’initiation que Josselin Morand interroge. Nous avons déjà eu l’occasion de dire qu’il n’existe pas des objets initiatiques en soi et des objets non initiatiques mais que nous pouvions établir un rapport initiatique avec tout objet.

Josselin Morand cherche à distinguer l’ésotérisme de l’initiatique qu’il envisage comme un processus gradualiste visant la transformation de soi mais aussi comme « un genre littéraire à part entière ». Il introduit d’emblée la fonction de l’imaginaire dans ce processus et la question, essentielle et souvent oubliée, du « double » :

« L’imagination se réfère à une entité non existante pour une situation non existante. Le philosophe Clément Rosset aimait à parler de double. Selon lui, l’homme n’est jamais où il se trouve, et se réfère à un double imaginaire, en raison de son incapacité à admettre le réel. »

Et il poursuit :

« La Franc-maçonnerie et l’imaginaire qu’elle véhicule obligent le maçon à devenir un double, ne serait-ce que par les intitulés des Officiers, ou les cordons portés par les Maîtres… Par ailleurs, les cérémonies maçonniques sont de véritables « jeux de rôle », imposant à chacun d’incarner un personnage particulier, comme dans une pièce de théâtre ou une partie de jeu de rôle. »

Tous ceux, et ils appartiennent désormais à toutes les générations, qui ont passé des nuits blanches à jouer à Donjons & Dragons ou l’un de ses dérivés, comprendront, mais les autres ? Josselin Morand remarque un mépris affiché de la culture populaire dans les Loges or, jeux, mangas, BD, livres ou séries populaires présentent très souvent une dimension initiatique ou portent des valeurs initiatiques, ne serait-ce que par les quêtes proposées aux héros comme aux joueurs. Il en donne plusieurs exemples : Star Wars (première série), Les Chevaliers de la Table Ronde, Les Trois Mousquetaires, Naruto, Final Fantasy VII… et voit dans un film comme Fight Club une représentation de la « contre-initiation ».

Si le propos mériterait d’être approfondi dans un essai plus vaste, il a le grand mérite de nous intéresser à une matière fort riche et disponible. La culture manga par exemple, à côté de laquelle est totalement passée l’Education Nationale, véhicule de nombreuses valeurs et stratégies initiatiques et ont pour notre époque la même fonction que nos contes traditionnels que bien souvent ils transposent.

« En fait, conclut Josselin Morand, il faut bien comprendre que la culture populaire d’aujourd’hui est potentiellement la culture classique de demain. »

Cette culture, si variée, si originale, si partagée, qui nous relie, ne doit pas être laissée de côté dans les Loges sous peine de tomber dans un élitisme stérile. Elle est un pont entre les générations.

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